Part 4

         -Hélène ? Fit donc Kelvian surpris comme jamais.

         -… L’expression de Nicolas s’assombrit en une fois.

         -Bonjour. Pardon, fit-elle pour demander à Nicolas de la laisser passer.

Ce dernier s’exécuta de façon très molle.

         -Qu’est-ce que tu fais là ? Continuait donc Kelvian ahuri.

         -Et bien, on a informé père de ton hospitalisation à cet hôpital. Donc, je suis venue prendre de tes nouvelles, mon cher. Je n’en ai pas le droit ? Tu as disparu si subitement vendredi…

         -Je suis parti car je ne voulais pas vous voir encore un petit moment, tu m’excuseras mais ta…

         -Donc ma visite te dérange et pas celle de ce mec là ? Fit-elle en pointant Nicolas du doigt.

         -Tu en as de bonne toi dis donc. Vendredi quand ce mec vous a donné ces photos truquées de moi vous aviez l’air si déçus, tu voulais que je réagisse comment au juste ? Tu pleurais comme si c’était la fin du monde, que voulais-tu que je fasse ? On m’a fait passer pour un moins que rien devant mon père et je n’ai même pas le temps d’y réfléchir ?

À ces mots, Nicolas crut s’effondrer mais il n’en fit rien.

         -Bon bah je vous laisse régler vos querelles familiales hein Kelvian, on se tient au courant.

         -Hey ! Tu pars déjà ? Je n’avais pas fini de te…

         -Non Kelvian, elle va me détester encore plus, restons-en là pour aujourd’hui... Repose toi bien, finit-il en refermant la porte. 

Un silence pesa avant qu’Hélène ne reprenne :

         -Alors tu t’étais vraiment blessé à ce point pour cet homme, la dernière fois ? Disait-elle donc abasourdie.

        -Tu pensais que je racontais des âneries ? Devant mon père ?

Kelvian était à bout de nerf, il voulait rattraper Nicolas qui s’évinçait toujours face à Hélène, mais cette dernière était un obstacle non négligeable. Il pouvait tout annuler sur l’instant, les fiançailles et tout ce qui s’en suit. Mais bien entendu ce genre de comportement n’est pas sans conséquence.

       -Et bien… Comment dire ? Je ne sais pas pourquoi j’ai été autant affectée par les photos de cet inconnu, sur le coup je me suis effondrée, tu ne vas pas m’en vouloir pour ça, Kelvian !

       -Non, non, pas du tout, ce  n’est pas du tout le cas, lui répondit-il d'un ton monocorde.

       -Et bien quoi ? J’ai bien remarqué que je n’étais pas la bienvenue ici ! Je suis venue parce que je t’aime ! Je n’en ai pas le droit !?

       -Je n’ai jamais dit ça, Hélène. Mais comprends moi un peu, j’arrive, je suis dos au mur face à ces montages et peu importe ce que je dis vous avez l’air de ne pas me croire. Je ne vous fuis pas pour rien, je vous fuis parce que je n’ai pas été capable de démentir, de vous faire me croire.

       -J’ai eu si peur…

       -Pardon ? Fit donc Kelvian surpris.

       -Nous savons que nous sommes destinés l’un à l’autre depuis tant d’années…C’est pourquoi, même quand tu fréquentais d’autres filles que moi, je ne disais rien. Tu étais devenu un homme dévoué ces derniers temps, c’est pourquoi voir ces photos m’ont anéantie.

Kelvian se sentit mal à ces mots. Nicolas encore plus, de l’autre côté de la porte.

       -Tu sais… Faisait donc Hélène accrochée à la taille de Kelvian.

       -Oui ? Kelvian se sentait encore plus mal.

       -J’ai toujours cru que ton ami là, ce Nicolas, j’ai toujours cru qu’il avait des vues sur toi. Je me suis toujours méfiée de lui. Alors quand j’ai vu ces photos j’ai tout de suite pensé à lui ! Je me suis dit… qu’il avait dû te dire quelque chose, te faire quelque chose qui te rapprocherait encore plus de lui… Et J’ai cru que…Kelvian… sanglotait donc cette dernière.

Par automatisme, Kelvian la serra dans ses bras, tentant de la réconforter comme il le pouvait. Il ne savait plus où il en était. En effet d’aussi loin qu’il s’en souvienne, il a toujours apprécié Nicolas, malgré son sale caractère, ses mauvaises manières, il l’a toujours accepté et a toujours été à ses côtés sans se poser de question. Pourtant, quand Nicolas lui déclara sa flamme il se demanda pourquoi ? Plus il se triturait l’esprit, moins il trouvait de réponse. Il s’est donc dit que c’était de l’amour, se satisfaisant de cette réponse. Mais les dires d’Hélène le remirent en cause, une fois de plus.

Nicolas, toujours derrière la porte de la chambre, sanglotait silencieusement. Il s’était toujours posé la question. Cette question l’avait tant malmené qu’il ne savait plus où il en était. Appréciant énormément le comportement de Kelvian à son égard, il voulait que ça dure encore longtemps. Tout ne dépendait que de Kelvian qui était trop gentil pour rejeter quelqu’un qui l’appréciait.

L’amour est un sentiment très aléatoire, qui fait réagir de façon désinvolte, immature, incongrue, violente, douce, etc. Se poser trop de questions dénature ce précieux sentiment éphémère qui s’estompe en un claquement de doigt. Ici nos deux héros se retrouvaient une nouvelle fois face à un mur.

       -Kelvian…

       -Oui ?

       -Tu m’aimes ? Lui demanda-t-elle le regard larmoyant.

Il hésita un instant. Mais il se devait de consoler cette damoiselle en détresse.

       -Bien sûr ma douce, qu’est-ce qu’il te prend ?

       -Je t’aime tellement que je peux presque tout te pardonner…

Elle le serra alors très fort. Non pas pour l’étouffer, mais presque. La situation était tendue. Kelvian ne réagit pas, attendant qu’elle poursuive.

       -Mais… Je te jure que si tu vas vers lui… Plus qu’en ami… Je te tuerai… Je ne te le pardonnerai jamais !!

Kelvian et Nicolas restèrent abasourdis par cette menace.

       -Pardon ?

       -Lui plus que quiconque… Je refuse que tu lui laisses ton cœur !

       -Heu… Tu t’enflammes là, qu’est-ce qu’il te prend ? Tu as une mouche à ce point contre lui ?

       -Si tu lui laisses ton cœur, ça veux dire qu’il aura gagné !! Je refuse de perdre face à cette… Passons. Elle était redevenue calme, desserrant son étreinte.

       -Il s’est passé quelque chose entre vous ? Lui demanda alors Kelvian, sceptique.

Hélène défroissa ses vêtements, se recoiffa afin qu’elle soit toujours proche de la perfection avant de reprendre :

       -Pourquoi veux-tu qu’il se passe quoique ce soit avec quelqu’un comme lui ? Nous sommes sensés être un emblème, nous sommes sensés être le couple le plus parfait, composé de deux individus hors du commun tout autant parfait. Se rapprocher de ce genre de déchet ne fait, et ça a toujours été le cas, qu’entacher cette vision qu’a le monde extérieur de nous, disait-elle dédaigneuse.

       -Non, mais tu t’es entendue là ? Tu ne vis que pour snober les autres ou quoi ? Moi je n’ai jamais été comme ça. Non mais tu débloques, ma parole ! Kelvian était décontenancé.

       -Tu t’es toujours arrangé pour toujours te faire bien voir. Et là tu veux me faire croire que tu n’as jamais pensé ainsi ? C’est bien toi qui te moques du monde! Ton indécision rend les choses difficiles, presse-toi de faire un choix qu’on en finisse.

Kelvian avait l’impression d’avoir une nouvelle personne en  face de lui. Il ne comprenait pas pourquoi les choses évoluaient ainsi, mais le discours d’Hélène lui semblait retord.

       -Qu’est-ce que tu sais Hélène ? J’ai l’impression d’être le seul à ignorer ce qui se trame actuellement.

       -Je ne sais pas ce que tu sais, ni ce que tu ignores, mais tout a un rapport avec toi mon amour, alors décide-toi et vite, c’est la seule chose que j’ai à te dire, lui rétorqua-t-elle en lui donnant un baiser glacé.

Nicolas s’était éclipsé avant qu’elle ne sorte de la chambre. Kelvian se retrouva seul avec lui-même et cette situation tordue dans sa chambre d’hôpital. Il trouvait décidément Hélène louche, louche au point de la méconnaître complètement. Il devait mettre de l’ordre dans son esprit et réfléchir à une solution à son problème.

Nicolas aurait voulu le voir après cette entrevue avec Hélène. Mais il devait être seul, afin de réfléchir à tout ce qu’elle lui avait dit. Il n’était pas très différent d’Hélène en fin de compte parce qu’ils se posaient tous deux les mêmes questions.