Shoot 5

Premiers mouvements

J’adore le week-end, c’est le seul moment de la semaine où je peux me reposer. Nous avions passé un samedi plutôt rempli alors ce dimanche c’était mode larve. Pas habituée à des mouvements dans mon lit j’ouvris un œil. J’avais oublié qu’il était là, j’en sursautai. Il dormait paisiblement, sembla-t-il. Mais j’avais du mouvement derrière moi aussi. Inutile de se demander qui ça pouvait être : Sabine. Elle me serra alors à la taille avant de me chuchoter à l’oreille :

         -Il s’est passé quoi cette fois ? Elle avait l’air inquiète.

         -Je t’expliquerai plus tard.

Même si j’avais encore sommeil, j’avais trop chaud pour continuer à dormir avec ces deux là. Me lever réveillerait certainement Raphaël. J’étais coincée là. Me demandant ce que j’avais fait pour me retrouver dans une telle situation.

À une époque, Sabine faisait des cauchemars tous les soirs. Juste après ses séances chez le psychologue. Nous dormions toujours ensemble à l’époque, afin qu’elle ne soit pas seule. Mais étant d’un naturel collant je lui avait dit de dormir dans sa chambre une fois qu’elle allait mieux. Nous ne sommes pas un couple après tout. C’est pourquoi elle a de suite compris, je pense, pourquoi j’étais si gentille avec lui. Nous laissâmes Raphaël dans le lit pour finalement aller discuter plus loin dans la cuisine. Et c’est là que je lui expliquai ce qui se passa la veille.

         -Les gens sont vraiment dégueulasses… On vit dans un monde vraiment dangereux, pas vrai ? Faisait celle qui était plus insouciante que jamais.

         - À qui le dis-tu ? Lui soufflai-je alors. Elle avait l’air de se moquer de moi.

         -On va faire quoi alors ? Rester enfermés à la maison le temps que ça se tasse ?

         -Tu peux louper tes cours toi ?

Elle me regarda les yeux tous ronds. J’en fus très surprise.

         -On est peut-être en danger et tu me parles de cours ? Me dit-elle d’un air extrêmement sérieux.

         -Heu…

Elle passe le plus clair de son temps à jouer à la tête en l’air alors je fus quelque peu décontenancée lorsqu’elle me balança cette réplique. Elle avait raison, si elle était en danger, pourquoi aller en cours ? Je crois que je n’ai pas encore saisit la criticité de notre situation.

         -Mais Alex… Si ce mec le recherche vraiment et nous trouve, qu’est-ce qu’on va faire ? Si on va prévenir la police on risque de se faire pincer… On n’a pas d’allié… Je… J’ai peur, Alex… Finit-elle d’une voix tremblante.

Moi aussi j’avais peur de m’être embarquée dans une sombre histoire. Si j’avais été seule je l’aurais bien laissé en plan. Mais sans remord… c’est inenvisageable… Je lui attrapai la main, tremblante comme jamais, afin de la rassurer. De me rassurer également. Une fois calmée elle me dit alors de but en blanc :

         -Alex… Comment tu vois Fafa ?

         -Pardon ?

Qu’est-ce qu’elle me bavait encore comme ineptie ? Comment veut-elle que je le voie ? C’est une mine d’emmerdes même s’il est très poli, serviable… heu beau garçon, faible…

         -Tu entends quoi par là ? Lui demandai-je alors ?

         -Bah qu’est-ce que tu penses de lui, est-ce que tu l’aimes bien ou pas ?

         -Si je ne l’aimais pas il ne serait pas resté ici, tu peux me croire sur parole !

Nan mais c’est vrai quoi ! Pourquoi s’embarrasser de quelqu’un que tu n’aimes pas chez toi ? Elle en a de bonnes, elle. On entendit un bruit sourd provenant du salon. Comme si un boulet s’était vautré sur le sol. Quelque chose comme ça. J’imaginais qui ça pouvait bien être. Sabine se leva dans la seconde pour voir ce qu’il se passait. Moi je ne me donnai pas tant de peine. Je les entendais parler dans le salon pendant que moi j’allais inspecter le frigo. S’il nous fallait nous planquer, il nous fallait des provisions.

         -Fafa ! Mais qu’est-ce que tu fais ? Comment t’as fais pour tomber ici ?

         -Je… J’ai eu un vertige !!

Il mentait. Dès qu’il parlait aussi fort c’était pour masquer quelque chose. Ça s’entendait sur le son de  sa voix. J’imagine qu’il devait être également rouge de honte.

         -Oh, mais qu’est-ce qu’il y a, tu es malade ? Tu as de la fièvre ?

         -Heu non, non ! Je… je vais bien, j’ai juste buté mon pied sur le pied de la table.

         -Tu ne t’es pas blessé au moins ?

Mais quelle mère poule celle-là ! Il est juste tombé comme un gland ! Pourquoi en faire autant ! J’avais l’impression qu’elle le faisait exprès… Finalement je pointai le bout de mon nez dans l’encadrement de la porte séparant le salon de la cuisine :

         -C’est pas bientôt fini, vos jérémiades ? Bande de gosses !

C’était plus fort que moi, je ne supportais pas les simagrées. Ils  étaient tous deux assis par terre. La main de Sabine sur le front de Raphaël. Quand ce dernier m’aperçut, j’ai eu l’impression qu’il allait me faire une syncope. Il était devenu rouge comme une tomate. Il baissa les yeux comme d’habitude, se releva maladroitement puis aida Sabine à se relever à son tour. Il m’inquiétait vraiment, là…

         -Heu… Tu es sûr que ça va aller, lui demandai-je alors stupéfaite.

         -Oui, oui ! Désolé de vous causer du souci !! Dit-il en disparaissant dans la salle de bain.

C’était louche. Très louche. Trop même ! Il avait la tête de quelqu’un de super suspect ! Comme s’il avait découvert un truc… Et qu’il ne savait pas comment  masquer sa gêne correctement. Je regardai Sabine d’un air incongru. Elle d’un air vicieux.

         -C… C’était quoi ça ?

         -Il est mignon parfois, pas vrai ? Me dit-elle toute souriante.

         -Quoi !? Fis-je alors tout en étant prise d’un fou rire. Mignon je ne sais pas mais son comportement est ridiculement drôle, ha, ha !

         -J’avoue que ses réactions sont marrantes. Bon, dit-elle pour clore l’affaire, je vais ranger un peu.

         -OK. Moi je vais faire une liste pour les courses. Si on doit se terrer un moment il nous faut des vivres.

         -Ah ? Ça va nous faire combien ? Tu vas prendre de la bouffe pour qu’on ne soit pas dans le besoin pendant combien de temps ? dit alors Sabine soudainement très concernée.

         -Disons une à deux semaines… Je ne sai…

         -Kyaaaaaah !! Hurla-t-elle tout à coup.

         -Quoi !? Quoi !!!? Qu’est-ce qu’il y a !!? Commençai-je à m’affoler ?

Pourquoi elle crie comme ça !? On est attaqué !?

         -Je vais passer deux semaines avec toi, collé à toi ha, ha, ha, ha, ha !!

Elle est sérieuse, elle ? C’est une blague ?

         -Et c’est pour ça que tu cries ? T’en a pas marre que les voisins se plaignent de nous ? J’ai cru qu’il t’étai…

Et elle me sauta dessus pour me faire taire.

         -Mais qu’est-ce que tu fais... ?

Elle était stressée. Je la comprenais mais tout de même. On ne devait pas céder à la panique pour l’instant. Enfin… Il fallait bien que je me persuade; si nous craquons tous, on va ne pas s’en sortir. 

Un peu plus tard, j’allai faire les courses… Sabine avait peur de sortir mais Raphaël m’accompagna car il se sentait fautif par la situation. Non pas à découvert mais il avait caché ses cheveux dans une casquette et portait une écharpe pour masquer un peu son visage. Il faisait plus louche qu’autre chose… Mais j’avais beau lui dire de rester à la maison avec Sabine, il ne voulait pas que je fasse tout toute seule. Ça m’intriguait encore plus. Serait-ce de la galanterie ? Peut-être avait-il découvert que j’étais une fille et qu’il voulait se rendre un peu plus utile. Balivernes. Pauvre garçon. Penser à ce genre de chose à présent c’était…

J’aperçus un homme en noir comme celui de la nuit dernière. Immédiatement j’attrapai Raphaël et on s’introduisit dans une cabine d’essayage près du rayon vêtement non loin de là où nous passions. Je crois que je surpris un peu trop le jeune Raphaël qui était en pleine panique. Pourtant il se retenait la bouche, tentant désespérément de garder son calme. Je crois qu’il avait compris ce qu’il se passait mais je lui devais quelques explications. Donc je mis mon index devant ma bouche en lui susurrant :

         -J’ai vu un mec louche dans le rayon bébé. Désolé de t’avoir fait peur.

         -C’est… C’est moi qui suis désolé… finit-il par me dire en reprenant son calme.

Je scrutais à travers le rideau afin de suivre les mouvements de ce mec. Il avait des lunettes noires, un journal qu’on ne vendait pas dans ce magasin à la main… Trop louche !! Etant donné que nous étions près du rayon de vêtements, avec un comportement aussi suspect que le notre, la sécurité du magasin n’allait très certainement pas tarder… Il fallait agir vite.  Je déchirai ma note en deux et frappai le torse de Raphaël incompris.

         -Tu vas chercher ces ingrédients là et moi le reste, ok !?

         -Heu… OK

         -Tu as 7minutes.

Pourquoi 7 minute ? J’en sais rien. Je considérais que c’était amplement suffisant pour rassembler ce dont on avait besoin. Je m’apprêtais à sortir en mode furtif, embarquant un béret non loin quand Raphaël me retint le bras, le regard inquiet. Qu’est-ce qu’il voulait ? Comme si on avait le temps…

         -Fais attention…

En temps normal je lui rigolerais très certainement à la figure, mais là. Je ne pus masquer ma gêne. C’est rare que des gens se préoccupent de moi. C’était la petite touche émouvante de cette escapade.

         -Parle pour toi, moi je sais me défendre !! Lui dis-je alors d’un air boudeur.

Et je m’enfuis. Je n’aime pas attirer la compassion des gens. Je ne sais pas comment réagir dans ces cas là. Alors oui, je le reconnais, j’étais bien en train de fuir Raphaël. Sur l’instant je le fuyais lui plutôt que notre suiveur.

J’embarquai le béret au passage. Les bras remplis de cabas de course nous nous empressâmes vers notre immeuble. Mais il ne fallut pas qu’il nous y suivit trop facilement. Un trajet que j’ai l’habitude de faire en 25 minutes prit 1h25. Une fois dans notre immeuble… Une fois de plus, les quatorze étages à pied… Même pour moi c’était de la torture, alors je n’imagine pas pour l’autre derrière. En arrivant à notre pallier je lui dis :

         -Ne dis rien de tout ce que nous avons fait tout à l’heure à Sabine.

         -Hé ?

Il semblait vraiment interpellé par ma remarque.

         -Je ne veux pas qu’elle s’inquiète, elle est assez peureuse et fragile comme ça.

         -Tu es vraiment quelqu’un de prévenant, Alex. Me souffla-t-il alors en riant sincèrement.

         -Bah quoi, lui fis-je donc gênée. Si je ne le fais pas qui le fera ?

         -Tu as raison… Et toi ?

         -Pardon ? Lui dis-je alors en me retournant vers lui.

         -Qui te protège, toi ?

Encore une de ses belles paroles. Il voulait que je lui dise quoi ? Il est marrant lui des fois. Etrangement il avait l’air beaucoup plus posé qu’à notre première rencontre. Je devais reconnaître que ça lui donnait un air mature qui lui allait bien. Mais j’ai déjà dépassé le stade où je me laisse émouvoir par les autres… Enfin je crois.

         -Je me démerde bien tout’ seul…

Ma langue a failli fourcher… Je ne savais pas si je devais continuer à jouer la comédie ou être sincère. Il savait quoi au  juste ? Est-ce qu’il avait découvert quelque chose, ou pas ? Cette situation était dérangeante et tout ça c’était de notre faute. Sans faire gaffe, je le regardais fixement en essayant de comprendre. Il mit sa tête un peu sur le côté, d’un regard surpris.

         -Bonjour ! Fit alors une petite voix.

Je sursautai et Raphaël aussi d’ailleurs. En me retournant une nouvelle fois, je vis la petite fille de la voisine au bout du pallier, il me semble qu’elle s’appelait Lucille.

         -Bonjour, ma belle ! Comment vas-tu aujourd’hui ?

         -Très bien merci !

         -Ha ! Ha ! C’est bien alors !

Elle était toujours aussi adorable cette petite.

         -Heu… Je peux vous dire quelque chose, me fit-elle alors d’une voix encore plus petite.

         -Oui ? J’étais interpellée.

         -Aujourd’hui, il y a des hommes en noir qui semblaient vous chercher dans tout l’immeuble… C’était pour vous prévenir, ma maman a dit qu’elle ne connaissait personne, moi non plus, les autres voisins non plus. Ils ont rien dit parce que ces messieurs avaient l’air très méchant… Faites attention à vous, hein. Moi je vous aime bien. Maman aussi. Le voisin aussi.

J’avais un peu de mal à comprendre ce qu’elle me disait sur la fin. Je sentais mes jambes flancher. Et Sabine est-ce qu’elle allait bien ?

         -Merci ma puce, on va faire attention, rentre vite !

         -Ok ! À bientôt.

La situation s’empressait assez vite. Plus que de peur, je tremblais de palpitation. Nous nous précipitâmes alors vers notre appartement. La porte était toujours fermée à clé. C’était rassurant. J’avais les mains qui tremblaient et donc du mal à insérer la clé dans la serrure. Mais il fallait que je me calme. J’entrai. Raphaël me suivit de près. Je scrutais très rapidement la pièce. Il ne semblait rien y avoir d’anormal. Ni trace de bagarre. Rien. Il n’y avait pas un bruit. Ce silence me perturbait. J’inspectais chaque pièce une à une. Où pouvait-elle bien être ?

         -S… Sabine ? Finis-je par demander.

Shoot 4 Tourbillon Incandescent Shoot 6

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Commentaires (12)

1. Jaya 2012-11-10

NANNNNNNNNNNNNN pkoi ça s'arrête comme ça =o=' !!!
pends toi infâme dictatrice Akiii =o='
Je veux la suite u_u !!
C'est vraiment de mieux en mieux j'adore *^*

2. egyptian_chabine (site web) 2012-11-10

mdrrrrrrrrr infâme dictatrice mdr xDDD

c'est juste là où je me suis arrêté pour l'instant mdr XDD

je suis ravie que ça te plaise *o*

tu te poses quoi comme question du coup? mdr

3. Jaya 2012-11-10

s'il vont la retrouvé une bouteille d'alcool à la main '-' ou pire en mode 'me touche tte seule en pensant à Alex car c'est une lesbienne '-' *va se pendre xD*
Hum a t'elle été kidnapper ? o/

4. egyptian_chabine (site web) 2012-11-10

mais omg xDDDDDDD

surtout pas mdrrrrrrr la voir en train de se toucher mais OMG XDDDD!!

Même l'auteur ne sait pas vers quoi elle s'oriente mdrrr

5. mahiri 2012-11-11

n'aki, t'es une sadique ! j'veux la suite =.=

6. egyptian_chabine (site web) 2012-11-11

mdr faudrait peut-être que je la rédige déjà xDDD

7. Kywi 2012-11-23

Je confirme, t'es une sadique. T^T Le suspens est encore plus horrible...

T'as intéret à te grouiller d'écrire la suite ! >.<

8. egyptian_chabine (site web) 2012-11-26

Heu... xD va falloir que je me fouette alors mdr xDDD

9. Sabi-swan 2012-11-28

Oh mon dieu??? ça y est je suis devenue addict!!!!

10. egyptian_chabine (site web) 2012-11-28

ptdr!!

cool alors xDDD

11. sabi 2012-12-02

J'adore le petit moment ou Raphael sors la petite phrase qui tue! "Et toi qui vas te protéger!"

12. egyptian_chabine (site web) 2012-12-02

mdr j'avoue que ça lui donne un côté mature '-'

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Date de dernière mise à jour : 2021-07-05

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