Shoot 3

Filature? Ou pas?

Quelques jours passèrent. On avait un petit frère très serviable à la maison et surtout très utile ! Pas comme sa sœur… Ne voulant pas profiter de notre hospitalité, Raphaël nous faisait notre petit déjeuner tous les matins avant d’aller bosser, le ménage était toujours bien fait et le soir un repas chaud nous attendait toujours. C’était vraiment agréable et chaleureux, on aurait dit une vraie famille. Il était comme une parfaite petite épouse, à me défaire de mon sac, de mon manteau tout en m’accueillant avec le sourire. Je le récompensais toujours d’une caresse dans les cheveux.

Je m’étais habituée à jouer l’homme à la maison : je n’avais qu’à être moi-même, il suffisait que je ne me balade pas en petite culotte, ce n’était pas dur !

Raphaël n’avait toujours pas mis les pieds dehors depuis qu’on l’avait recueilli. Ça m’interpellait. Et il n’avait toujours pas parlé. Donc un malaise subsistait. Est-ce qu’on pouvait le protéger en ne lui demandant rien ? Le tact c’est bien joli mais c’est surtout pour les lopettes. Quand la situation est vraiment tendue il vaut toujours mieux de jouer carte sur table. Cette situation m’interpella quand Sabine me dit un jour, qu’elle voulait sortir faire les courses avec lui, mais qu’il semblait terrifié rien qu’à l’idée de sortir de l’immeuble. Elle avait essayé de le faire parler, en vain. Au final, c’est moi qui ai été faire les courses… 

Le soir il dormait dans le salon. Parfois, en me réveillant pour allez aux chiottes, je l’apercevais enroulé dans sa couette, accroché à la fenêtre, contemplant la vie nocturne du quartier. Je me demandais à quel moment il allait se coucher.

Ce soir là ne faisait pas exception. Les yeux brillants, il regardait les gratte-ciels en guise de ciel étoilé et les courses poursuite au bas de la rue. C’était notre quotidien. Il sursauta quand je fis du bruit dans la cuisine : je m’apprêtais à faire du thé.

         -Désolé, je t’ai fait peur ?

         -Heu…non, non, juste un peu surpris, me dit-il. Si tu voulais du thé j’aurais pu te le…

         -Mais non, t’inquiète. Tu n’es pas là pour ça. Tu en veux ?

Il me sourit timidement pour acquiescer. Finalement on se retrouva tous les deux accrochés à la fenêtre à regarder ce qu’il se passait. J’entamai alors la conversation :

         -Pourquoi tu es toujours accroché à la fenêtre, tous les soirs ?

         -Heu… J’aime bien regarder, sans raison particulière, fit-il en collant la tasse brûlante à sa bouche.

Stressé, ce garçon faisait vraiment n’importe quoi. Je lui pris la tasse des mains tout en secouant ma tête sous le poids du dépit.

         -Fais gaffe, c’est chaud. Tu as quel âge ? Tu ne parles jamais de toi, c’est compliqué de t’aborder, tu sais ? Disais-je en me demandant si je n’avais pas été trop directe.

Il me regarda d’un air surpris dans un premier temps et s’enroula de plus belle dans sa couette avant de me dire :

         -J’ai… J’ai 17ans…

         -Ah mais t’es tout jeune ! Tu n’as pas de cours ? Ce n’est pas bien de fuir l’école, tu sais ? Tu risques de le regretter plus tard ! Lui rétorquai-je en ne me sentant aucunement concernée par mon propos.

         -Je… J’ai arrêté le lycée…

Bingo ! Mais que va-t-on faire de lui ? Il a l’air de ne pas savoir faire grand-chose tout seul. Il avait du mal avec les gens. Je ne savais pas comment lui venir en aide.

         -Et tu comptes faire quoi alors ? J’espère que tu ne penses pas que la situation actuelle pourra durer éternellement !

Il se recroquevilla sur lui-même. Il risquait de m’agacer ce gamin. J’ai horreur de perdre mon temps.

         -Je travaillais au noir dans un bar à Brooklyn… C’était bien payé mais…

Sur l’intonation de sa voix on pouvait imaginer le reste de l’histoire.

         -Ça ne me plaisait pas. Quand j’ai voulu quitter… Ils m’ont séquestré pendant des jours et des jours… J’ai cru que j’allais mourir… finit-il pas avouer en sanglotant.

Je restais là, à l’écouter sangloter  tout en sirotant mon thé. Je ne savais pas trop comment réconforter les gens. Sabine quand elle avait le blues elle me sautait dessus et elle se réconfortait toute seule. J’ai du mal avec les autres. C’est alors que je le vis se lever silencieusement et il s’assit sur le sol à côté de mon siège. Posant sa tête sur mes genoux. On aurait dit un animal. Je passai alors mes doigts dans ses cheveux jusqu’à ce qu’il se calme… qu’il s’endorme.

De longs cheveux blonds soyeux, c’était un garçon très soigné. Qu’est-ce que l’avenir pouvait bien lui réserver ? Je pris une décision. 

Le lendemain je me réveillai avant tout le monde et préparai le petit déjeuner. Sabine se réveilla et vint dans la cuisine :

         -Oh ! C’était toi ? J’ai cru que c’était fafa !!

Faf… C’est quoi  encore que ce surnom stupide… ? Enfin passons. J’expliquai à Sabine que je voulais qu’on sorte tous ensemble en ce samedi ensoleillé. La nouvelle semblait la ravir car elle alla nous préparer nos tenues dans la seconde d’un air enjoué. Moi je préparais des sandwichs pour casser la croute une fois dehors.

         -B… Bonjour Alex ! Il venait de se réveiller.

         -Hey, bonjour Raphaël, bien dormi ?

         -Un peu trop… Je te laisse faire le petit déjeuner…

         -Vas à la douche on sort, lui dis-je donc d’un air autoritaire doux.

         -P… pardon… ? Il commençait à paniquer.

         -On va pique niquer dans le parc de la ville d’à côté, c’est plus calme par là bas.

         -Mais je…

         -Tu comptes rester enfermé ici pendant longtemps ? Sabine est toute contente tu ne vas pas lui faire de la pei…

Il m’interrompit en me prenant par le bras brusquement afin de me chuchoter à l’oreille :

         -Mais… Et s’ils me retrouvent… ?

Il était recherché ? Mais non, on voit ça que dans des films hé, hé… N’est-ce pas ?

         -Tu penses qu’ils te recherchent ?

         -Je… Je  ne veux pas être passé à tabac une nouvelle fois…Dit-il en s’accrochant désespérément à moi.

Ouh là. Il était près. Trop près même. À cette distance, même si je suis plate comme une limande, on peut se douter de quelque chose… Mais il semblait désespéré. Le repousser à cet instant précis risquait de le blesser. Et merde, il m’avait amadouée. Tout comme sa sœur. Je lui caressai donc une nouvelle fois les cheveux tout en le rassurant :

         -T’inquiète, je vous protègerai.

Non je ne m’y crois pas du tout. Mais quelle idée !! J’avais déjà les mains pleines rien qu’avec Sabine alors comme ça ne suffisait pas… Bah il fallait que je m’occupe aussi du petit frère! Heureusement qu’il était plus grand que moi… S’il avait fallu qu’il pose sa tête sur mon torse… heu je veux dire ma poitrine, toute la supercherie aurait été dévoilée ! Bah en fait, c’était tout autant bizarre car il posa sa tête sur mon épaule. Depuis combien de temps un homme n’avait été aussi proche de moi ? Je me le demande.

Sabine apparut les yeux brillants les bras pleins de vêtements. Elle s’arrêta net en nous voyant dans cette « position ». Je lui souris, gênée moi-même par la situation. Elle plissa alors des yeux, renforçant son regard suspicieux, laissant les vêtements tomber sur le sol : elle allait me piquer une crise. Elle s’approcha donc à vive allure et nous sauta dessus. Elle s’est prise pour un singe ou quoi ? Si je le lui disais, je passerais un sale quart d’heure…

         -Mais c’est quoi ça !? Vous vous faites des câlins sans moi !?

Black out. Je ne m’attendais pas cette réplique. Que lui répondre ? Ce n’était pas vraiment un câlin… Je voulais juste le rassurer… Tout ça va me retomber dessus.

         -Câ-câ-câlin !? Mais non grande sœur !?

Sabine et moi nous  le regardions ahuries par sa réplique. On se regarda à notre tour l’air de dire : « il a bégayé là ? » « Ouais on dirait bien ». Après un court silence nous rigolâmes tous ensemble pendant plusieurs minutes jusqu’à ce que Sabine retienne Raphaël par l’oreille.

         -Aïe ! Aïe !

         -Toi, tu viens avec moi, lui dit donc Sabine d’un air sadique, je vais m’occuper de toi.

         -Très… Très bien grande sœur ! Fit donc Raphaël à son tour tout en la suivant difficilement.

         -Après je m’occupe de toi Alex, me susurra-t-elle comme si elle me lançait un sort.

Je savais que j’allais passer un sale quart d’heure… Mais bon j’avais l’habitude ! 

Après une séance de torture à coup de chatouilles, nous fûmes fin prêts pour partir : direction central park.

C’était la période estivale alors Sabine nous avait choisi des tenues légères… Dont un super T-shirt en coton blanc pour moi. Comme si je ne souffrais pas assez de la chaleur comme ça. Sabine avait fait des boucles dans ses cheveux longs blonds pour l’occasion et ça la rendait encore plus coquette. Raphaël portait une queue de cheval qui mettait son beau visage en avant avec quelques mèches qui tombaient par-dessus les cicatrices qu’il avait au visage. Moi comme d’habitude, mes cheveux châtain foncé coupés court envoyés à l’arrière avec un peu de gel. J’avais un teint clair mais la seule chose que je trouvais bien chez moi, c’était bien mes yeux verts émeraude. Pourtant ça ne me rendait pas plus féminine… Le temps que Sabine aille prendre son parapluie, moi mes « outils pour au cas où » ; on trainait Raphaël hors de l’appartement. La petite de la voisine du bout du pallier rigolait en nous voyant. Je tordis un peu le bras de Raphaël pour qu’il décroche de la porte d’entrée. C’est donc tête baissée qu’il s’accrocha à mon bras. On aurait dit un fauve en cage qui craignait le monde extérieur. 

Finalement nous passâmes un journée plus que banale, avec Sabine nous trimbalant partout pour faire du shopping alors que c’était pas prévu, avec Raphaël qui me meurtrissait les bras dès qu’il entendait quelqu’un hurler, ou un coup de frein, ou une sirène de police, ou etc… Une vraie lopette ce garçon. Comment a-t-il survécu jusque là ? Je me posais sincèrement la question ! On avait donc passé  toute l’après-midi dans central park près du lac dans l’une des maisonnettes au bord de l’eau. Sabine s’endormit sur mes genoux, Raphaël en fit de même sur le gazon non loin de nous. Il avait été tellement tendu sur le trajet que ça avait dû bien l’épuiser. Et qui est-ce qui reste pour surveiller c’est deux grands badauds ? Moi  bien sûr, qui d’autre ?

J’ai tellement pris l’habitude d’être sur mes gardes et d’assurer les arrières de Sabine qui je n’avais jamais été dépendante de quelqu’un. Il me fallait des vacances, à moi aussi. 

Sabine réussit à me trainer dans un restaurant pas trop cher. C’était pour marquer le coup… J’ai horreur de dépenser ma thune quand ce n’est pas nécessaire… On a un cuistot sexy qui met un tablier par-dessus une tenue de soubrette à dentelles et surtout qui cuisine diablement bien. Je divague. Tout ça pour dire qu’on dépense de la thune inutilement…

Bah au final : buffet à volonté et Sabine et moi avons payé moitié-moitié, que demander de plus ? J’ai mangé comme une morfale, Sabine a bu comme un trou… une fois de plus et Raphaël a rigolé toute la nuit. C’est bien la première fois que je le voyais aussi épanoui.

Sur le chemin du retour, Sabine dormait sur mon épaule. On avait 1h30 de train à parcourir, elle avait tout le temps pour dessaouler. Je regardais Raphaël qui s’assoupissait à son tour sur la banquette juste en face de nous. Il fallait que je passe à la pharmacie pour acheter du baume, ses blessures prenaient du temps pour guérir.

Comme d’habitude, je jette un œil aux alentours, toujours. Un train quasi vide. Je n’aime pas ça. Mais on a beaucoup tardé. Ça en valait la peine, Sabine était heureuse, Raphaël aussi, moi aussi. Je remarquai un homme, vêtu de noir, regarder dans notre direction. Je suis peut-être parano, mais je n’aime pas ça. Finalement, nous arrivâmes à destination. Encore méfiante, je demandai à Raphaël de porter Sabine, qui dormait toujours. Il semblait souffrir en la portant, mais ce n’était pas le moment de rigoler. La nuit, les rues étaient dix à quinze fois plus dangereuses que la journée. Tant que nous ne sommes pas dans notre immeuble, j’estime que nous ne sommes pas en sûreté. Vraisemblablement on était suivi. Je ne savais pas par qui, mais mon sixième sens me le disait.

Raphaël peinait à porter Sabine. Ce gamin n’avait décidément aucune force. Mais je pense que dans l’effort qu’il impliquait il était beaucoup moins sur ses garde et moins craintif également. Je me demandais bien avec qui il avait bien pu s’impliquer. De là à être suivi par des gens sous-entendait vraisemblablement de gros ennuis. Je me demandais si, finalement, j’avais bien fait de le forcer à sortir, à découvert.

Shoot 2 Tourbillon Incandescent Shoot 4

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Commentaires (8)

1. Jaya 2012-11-09

hum de plus en plus intéressant *^* !!!
la suiteeeeuuuh *W*
j'me demande s'il a remarqué que c une fille et sabine doit être lesbienne obligé '-' *se pends xDDD*

2. egyptian_chabine (site web) 2012-11-09

PTDR mdr xDDDD

J'adore tes réactions mdr xDDD

3. Kywi 2012-11-22

"Il était comme une parfaite petite épouse" Mais LOL xD

C'est mignon de voir comme Alex s'occupe de "Fafa" (encore une fois : LoL) et sa soeur comme une mère de ses enfants... *o*

Et pour la fin OULA. Qui c'est cet homme en noir ? Et qui les suit ? L'intrigue est horrible... Je vais lire la suite >.<

4. egyptian_chabine (site web) 2012-11-22

han xDDD horrible tu dis? é_è

5. Kywi 2012-11-23

Horrible dans le sens intenable Aki, ne t'inquiète pas, désolée pour ce manque de tact x.x'

6. egyptian_chabine (site web) 2012-11-23

Oui oui j'avais bien compris tkt mdr xDDD

7. sabi 2012-12-02

Toujours aussi intéressent!!

8. egyptian_chabine (site web) 2012-12-02

*o*!!

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Date de dernière mise à jour : 2021-07-05

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