Part 4

La deuxième semaine s’écoula. Et toujours pas de traces de Nicolas, qui évitait copieusement son meilleur ami de toujours, Kelvian. Ce dernier était quelque  peu inquiet, mais il s’était habitué à cette situation désormais, il n’essayait plus d’appeler ou même de lui envoyer des messages, car il n’y répondait pas.

Finalement, Nicolas et Rébecca se fixèrent un rendez vous  en pleine soirée.

-          Tu sais que mon fiancé peut croire que j’essaie de le tromper  avec ce rendez vous secret nocturne ? ha ! Ha ! Ha !

-          Désolé, je cherche à disparaître le plus possible  de la circulation…

-          Si c’est vraiment ce que tu veux, tu ferais mieux de te faire muter autre part… Tu es sûr de ce que  tu  veux ?

-          Non… Et je crains que ça ne sois plus fort que moi…

-          Mon dieu, que vas-tu devenir Nicolas ?

-          Tout d’abord dis-moi ce que tu as découvert…

-          Heu que tu étais tombé amoureux de Kinine ?

-          Ça  se voit tant que ça !?

-          Ben non pas vraiment, quand tu es parti l’autre jour, Kelvian qui t’avais aperçu était venu à ta rencontre et comme j’avais remarqué que tu  regardais toujours dans sa direction pendant ton repas, ça m’a mis la puce à l’oreille.

-          Décidément c’est redoutable une fille…

-          Non, je suis devenue une jeune femme accomplie, ça  n’est pas pareil, fit elle avec un sourire aiguisé.

-          Et, enfin, je le ressentais quelque part au fond de moi depuis un certain temps mais… cet épisode en Laponie…

-          Non… Tu  t’es confessé ??

-          Il avait tout  découvert !! Je ne pouvais pas  le nier, il me connaît mieux que personne !!

-          Attends, je ne comprends pas, tu t’es confessé d’accord, mais pourquoi continue-t-il a faire comme si de rien n’était ?

-          Tu préférerais qu’il m’ignore ?

-          Bah je ne comprends pas trop, il avait l’air inquiet que tu t’isoles après ce qu’il s’est passé en Laponie.

-          Je… je ne veux pas détruire ce que  j’ai… Si je reste  à ses côtés je vais lui causer des problèmes. Plus je reste  à ses côtés, plus je veux devenir proche de lui, et ça  empire depuis qu’il sait que j’éprouve quelque chose pour lui. Enfin c’est compliqué !!

-          Mais tu sais que ce que tu veux et ce que tu fais c’est contradictoire ? En agissant comme ça, tu  vas de toutes les façons t’éloigner de lui…

-          Rebecca…

-          Hum ? Fit-elle sérieuse.

-          Qu’est ce qu’un mec comme moi pourrait apporter de plus à un mec comme Kelvian ? Il a tout ce que n’importe qui voudrait, l’argent, la beauté, le charisme, l’intelligence, la gentillesse, une famille presque parfaite, il est toujours bien entouré et j’en passe !!

-          Je ne sais pas Nicolas, tu me poses une colle là…

-          Souvent, je me demande comment un mec comme lui a fait pour rester ami avec moi pendant autant d’années !!

-          Peut être parce que, justement, vous vous connaissez depuis  longtemps.

-          Pourquoi a-t-il fallu que je tombe amoureux de mon meilleur ami ?? Je suis en train de me détruire moi-même !!

-          Bah, tu connais ton caractère, tu sais qu’il est difficile, le fait qu’il te supporte et qu’il t’accepte tel que tu es a dû jouer sur l’image que tu avais de lui, c’est toujours comme ça, tu sais, fit elle alors dépitée.

-          Que faut il que je fasse ? Que je me jette du haut  d’un pont !!?

-          Je ne sais pas, mais si tu veux essuyer le moins de perte, je te dirais de laisser le temps faire son travail, ton coup de foudre finira par s’estomper au fil du temps, c’est comme  ça qu’on se remet d’une déception amoureuse, tu sais ?

-          Je serais déjà mort, le temps que ça  passe…

-          Ah bon ? pourquoi tu en es si sûr ?

-          Je vais te dire un secret… Au point  où j’en suis, je n’ai plus rien à perdre…

-          Ouais, des informations croustillantes.

-          Ne rigole pas avec ça s’il te plaît… Tu te rappelles d’Hélène, la copine à Kelvian ?

-          Oui, oui très bien même, cette bombe à qui tout réussi aussi, je ne peux pas oublier…

-          Et bien elle  a commencé à mal se comporter avec moi quand elle s’est douté de mes sentiments pour Kelvian…

-          Hein ?

-          Elle a dû remarquer comme toi mes regards et tout le bordel.

-          Attends… Quand je t’ai connu, et ça  date, vous aviez toujours été comme chien et chat tous les deux…

Nicolas d’un regard confirmait tout ce qui avait traversé l’esprit de Rebecca.

-          Ok…

-          Je crois que je vais devenir fou !! Jamais je n’aurais dû lui dire !! J’aurais pu continuer à faire comme si de rien n’était comme avant !!

-          Et bien, ça s’est du coup de foudre, fit alors Rébecca.

-          Pardon ?

-          Donc si tu l’aimais depuis tout ce temps, normal que tu n’aie pas pu aimer quelqu’un d’autre correctement, mais vu ta situation je me demande qui est le plus à plaindre.

-          Comment ça ?

-          Entre toutes celles à qui tu as brisé le cœur, où toi qui vivais depuis tout ce temps le cœur meurtri, je me demandais qui était le plus à plaindre.

-          Je ne veux surtout pas lui causer du souci… J’ai envie de n’avoir jamais existé !! Je crois que je vais devenir fou… Il faut que je trouve une solution avant de faire l’inévitable…

-          Tu fais un peu peur quand tu parles comme ça… Jusqu’où tu es capable d’aller ?

-          Je n’en sais rien… J’ai voulu m’éloigner, mais je vais le guetter  tous les midis dès que j’en ai un peu  le temps, tu ne trouves  pas que c’est grave ?

-          Que je trouve  tout ça grave ou pas, ça n’est pas la  question, dis moi, vous vous connaissez depuis combien de temps en fait ? Quand je vous ai connu vous étiez déjà tout le temps ensemble.

-          Ah ça, ça remonte à l’école maternelle tout ça…

-          Tout ça !! Et bien ma fois, ça  souffle comme information, mais il faudrait demander à Kelvian son avis la dessus, il doit être aussi paumé que toi, et lui il n’ira en parler à personne je parie. Moi tu m’as tout raconté car j’avais découvert le pot aux roses, mais lui il ne se laisse pas trahir comme ça, ha, ha.

-          Je ne peux pas lui demander, j’aurais trop peur de sa réponse, de sa réaction.

-          Ah bon ?

-          Kelvian est quelqu’un qui veux tout.

-          Heu, c'est-à-dire ?

-          Il veut garder tout le monde à ses côtés par exemple même s’il y avait  un différents entre ceux-ci, tu vois le genre ?

-          Heu ouais, genre toi et Hélène quoi ?

-          Tout à fait, si je lui en parle, il me fera comprendre qu’il comprend mes sentiments, il voudra de moi à ses côtés mais il ne fera jamais rien qui puisse entacher le nom de sa famille, souillé sa copine. Au final, lui il serait satisfait, mais les autres autour de lui souffriraient. Il restera persuadé d’avoir fait le bon choix, mais dans mon état je ne pourrais le supporter, je l’ai trop longtemps enduré.

-          Ok, je vois.

-          Ah plus j’en parle plus j’enrage, il faut que j’aille me bourrer la gueule, il faut que j’oublie. Je vais me trouver quelqu’un avec qui passer la nuit aussi tient, ça me fera du bien je pense.

-          C’est comme tu veux, mais penses à faire attention à toi quand même, ce train de vie là, il faut le laisser de côté au bout d’un certain âge tu sais ?

-          Si ça me tue, ça abrégera mes souffrances alors je m’en fous mais complètement.

-          Ne dis pas des choses que tu risques de regretter plus tard.

-          Le mal a déjà été fait, pour moi il n’existe rien de pire que le fait de lui avoir  tout avoué, pourquoi maintenant après l’avoir caché tout ce temps ? J’ai fait beaucoup de conneries dans ma vie, mais là, je crois que c’est le coup foireux que je regrette le plus.

-          Nicolas…

-          Je ne veux plus penser à rien, quand je suis lucide tout  ça  me trotte dans la  tête  jusqu’à ce que je ne sache plus quoi faire, ça suffit pour aujourd’hui. De toutes façons rien de tout  ce que tu me diras m’en empêchera, alors…

-          Ok, Ok… Bon bah tu sais quoi, je vais devoir te laisser hein, il se fait tard, j’en connais un qui  va commencer à s’inquiéter.

-          Pourquoi à chaque fois que tu me parles, j’ai l’impression que  tu penses bien à toujours me rappeler que tu vis actuellement dans le bonheur ?

-          Parce que c’est fait exprès voyons, tu ne l’avais toujours pas compris ? Fit-elle alors avec un regard presque méprisant.

-          C’est bien ce que je me disais, et bien ma foi, merci de m’avoir accordé un peu de ton temps, je sais que  tu  es une femme débordée.

-          Mais de rien, j’espère que ça t’a un peu aidé.

-          De tout te dire, alors que tu n’en a absolument rien à foutre ? Heu, je ne sais pas, sans doute que tout ça m’a servi à paraître encore plus misérable que je ne le suis déjà.

-          Ah bah, voilà que je passe pour la méchante, sympa de ta part, vraiment…

-          Non, pas du tout, je ne peux mesurer à quel point je t’ai blessée par le passé, mais il est beaucoup trop tard pour essayer de m’excuser après tant d’années, ton comportement est normal après tout, c’est moi l’enflure, je ne  peux m’en prendre qu’à moi-même.

Rébecca commença à se sentir mal, car elle savait qu’il était complètement désorienté mais elle ne cessait de lui  dire à quel point  elle, elle nageait dans le bonheur après leur violente rupture.

-          Heu Nico, je…

-          Non t’inquiètes tout a déjà été dit, il ne reste plus rien à dire. Je te souhaite de continuer à vivre dans le bonheur, fais comme si nous ne nous étions jamais revu, moi c’est ce que je vais faire. Désormais tout ce que je compte faire ne regardera plus que moi ha, ha… Bon, je vais payer l’addition, merci encore pour  cette soirée, madame, adieu.

Nicolas paya donc la note avant de passer une dernière fois aux toilettes histoire de se rincer un peu le visage et de se préparer à la soirée de débauche qui l’attendait. C’est ainsi sur un pas  bien assuré que celui-ci alla dans le quartier des maisons de passe, il les connaissait toutes. Depuis l’incident dans le monde de la reine des neiges, il avait en effet fait des recherches sur les quartiers gay de la ville, c’est donc là bas qu’il se rendit afin d’observer les gens de ce monde là. Il avait décidé de devenir gay certes, mais seulement parce qu’il aurait souhaité fréquenter Kelvian et personne d’autre.

En entrant dans un bar, il y eut comme un silence pesant à son arrivée, ce qui signifiait qu’il entrait en terrain miné, ils se connaissaient tous et une nouvelle proie  venait d’apparaître. Il connaissait ce sentiment, donc c’est  la tête froide qu’il se dirigea vers le bar. Il passa sa commande et scruta un peu son environnement afin de se trouver une place stratégique, une fois ceci fait il alla  s’installer et observait son environnement, le temps de se faire servir. Il y avait de tout, des travestis aux hommes d’affaires en costard. Nicolas, lui, s’était vêtu de ses tenues pour Play boy habituelles et les plus intimidés n’arrivaient à soutenir son regard.

On lui apporta sa bouteille de whisky et c’est sans retenue qu’il commença à la descendre. C’est alors que le gérant alla à sa rencontre :

-          Bien le bonsoir joli oiseau.

-          J’ai l’air d’être un oiseau ?

-          Oh, pardon, je peux savoir comment tu t’appelles ? Pour ne pas commettre ce genre d’erreur à l’avenir, lui fit il alors avec un sourire en coin.

-          L’avenir, hein… Nicolas ne l’avait toujours pas regardé et restait concentré sur  son verre.

-          Il y a quelque chose qui ne va pas ?

-          Je n’ai pas d’avenir, mon nom ne te sera donc d’aucune utilité, appelles moi comme tu veux, fit il  alors en descendant son verre d’une traite.

-          Oh là là, on dirait que ça ne va pas du tout, je peux être d’une aide quelconque ?

-          J’en sais rien, d’ailleurs t’es qui toi,  fit alors Nicolas avec une mine de vilain garçon, il regardait le gérant pour la première fois dans les yeux.

-          Ah, tu me regardes enfin ! Quel joli visage tu as ma parole !!

-          Ça me dit pas qui tu es bordel, si t’as rien d’autre à me dire laisses moi picoler en paix, fit il en versant du whisky dans son verre.

-          Je suis le gérant de ce bar, on m’appelle Babe.

-          Ah le gérant, salut m’sieur le gérant, Babe c’est trop mielleux pour moi.

-          Toi tu dois être du style dominateur Anija, j’aime ça !

-          Dominateur… ah bon… fit-il en fixant son verre.

-          C’est la première fois que je te vois dans  mon bar, alors tu as attisé ma curiosité, quel bon vent t’amène ici ?

-          Bon vent ? Ce n’est pas du vent et si c’était le cas, il est loin d’être bon, je dirais le désespoir, voilà ce qui m’amène en terrain étranger…

-          Terrain étranger ? Donc tu es hétéro ? Ah là, ça ne m’étonne qu’à moitié avec le physique que tu as.

-          Physique ? Tout n’est malheureusement pas une question de physique.

-          Pardon ?

-          Non rien, je ne sais pas ce qui m’amène ici, je cherchais un coin calme où me bourrer méchamment la gueule, loin de toutes ses groupies.

-          Ah bon. Tu sais les hommes et les femmes ne sont pas si différents que ça sur certains points.

-          Tu veux me dire qu’ici y’en a certain qui oseront me faire la court ? Arf moi qui espérait changer d’environnement, il vaudrait mieux que j’aille finir ma bouteille chez moi… Ah bah… Elle est déjà vide…

-          Tu sembles très bien tenir l’alcool dis donc ?!

-          Tu trouves ? Moi je veux  boire jusqu’à oublier qui je suis, ce que je suis devenu me répugne, je pensais pouvoir mettre tout ça de côté ce soir mais je crois que ça ne va pas être possible.

-          Mais tu espérais trouver quoi dans un bar gay ?

-          Je me le demande, de la compagnie peut être, m’sieur le gérant…

-          Oui ?

-          Apportes-moi une bouteille de scotch s’te plaît.

-          Une bouteille ? Il faut faire attention, trop boire nuit à la santé.

-          Genre je ne le savais pas déjà, tu veux des sous ou pas ? Apportes moi donc une bouteille de scotch s’te plaît.

-          Très bien, si tu finis mal demain, tu ne pourras t’en prendre qu’à toi-même !!

-          Ouais, ouais, je connais déjà la chanson.

Il fit donc signe qu’on lui apporte ce qu’il demandait au bar.

-          M’sieur le gérant…

-          Oui ? Anija ?

-          Je suis tombé amoureux…

Tout le bar était en effervescence.

-          Oh, l’alcool te fait parler ??

-          Non, je parle car je veux parler vieux bouc va, qu’est ce que tu espérais ?

-          Ah désolé, je ne te connais pas oh, oh.

-          En fait, je me suis dit que…

-          Oui ?

-          À quoi bon parler de ça déjà ? Est-ce que ça me soulagera ?

-          Hé ? Heu je ne sais pas, tout dépend de toi.

-          Je le savais déjà ça, merci.

-          Hum, que tu es désagréable, fit-il alors d’un air outré.

-          Ça je le savais déjà aussi  ha, ha, ha !! En fait, j’aime un gars, mais je me disais qu’aimer ce gars revenait à devenir homosexuel, mais vu mon sale caractère, je crois que je ne pourrais être capable de le faire qu’avec lui tu me suis ?

-          Oui, je vois.

-          Et malgré tout ça revient à dire que je suis gay ou pas ?

-          Heu non je ne pense pas non.

-          C’est bien ce que je me disais.

-          C’est quel genre de mec, ton oiseau là ?

-          Quel genre ? Le genre que personne n’arrive à la cheville, il est parfait.

-          À ce point ?

-          Puisque je te le dis, bon elle  vient cette bouteille de scotch ?

-          Oui, oui ça vient.

-          Mais tu sais les mecs parfaits ils ne sont pas trop accessible, je sais que ce que je désire est égoïste et le fait de vouloir le concrétiser va détruire tout ce qui me tient à cœur.

-          Tu en es sûr ?

-          Bah, il est déjà parfait, il a déjà tout ce dont il a besoin, qu’est ce qu’un mec comme moi pourrait lui apporter de plus à part des emmerdes ?

-          Il faudrait lui en parler, peut-être.

-          Je crains trop sa réaction pour lui en parler, je ne veux pas tout détruire !! Mais pourquoi je suis encore lucide bordel !! Je veux boire pour oublier…

-          Je ne sais pas comment t’aider Anija.

-          Voilà, je suis tellement pathétique que tous ceux que je croise n’éprouvent que de la pitié pour moi… Je… Je crois que je vais rentrer et finir la bouteille de scotch chez moi.

-          Tu ne veux pas passer la nuit avec moi ? Je t’aiderais à oublier peut-être…

-          C’est toujours ce que je faisais auparavant, je couchais avec les gens pour oublier ma peine et au final c’est eux que je blessais, à présent que j’ai conscience de ce genre de choses, je ne veux plus refaire les mêmes erreurs. Merci pour la proposition hein m’sieur le gérant.

-          Tu as peur ?

-          Hein ?

-          Tu ne veux pas blesser les autres ou te blesser toi-même ?

-          Qui sait peut être un peu des deux, je dois avouer que mon esprit est un peu embué. Mais aujourd’hui je veux choisir la voie qui montre que j’ai un peu évolué, je ne veux pas refaire les même conneries qu’auparavant.

-          Mais juste une soirée cela n’engage à rien, tu le sais ça non ?

-          Oui je le sais mais, comme tu me l’as dit tout  à l’heure, les hommes et les femmes ne sont pas si différents sur  certains points. Allez moi je file avant de faire une bêtise, merci de m’avoir écouté m’sieur le gérant, bonne continuation !!

C’est ainsi qu’il préféra la raison, enfin à moitié, car sur le chemin du retour il passait boire un verre à tous les bars sur son chemin.