Part 3

Une  semaine s’écoula depuis leur sortie  respective de l’hôpital. Comme  prévu, Nicolas avait complètement coupé les  ponts avec Kelvian. Habituellement ils se croisaient les midis lors de la pause déjeuner mais  rien n’y fit. Kelvian lui, était  toujours bien entouré donc ne  ressentait pas le même  vide  que Nicolas qui, en dépit  de  toutes les apparences, gardait  un œil sur Kelvian alors que celui-ci  ne se doutait de rien. Ce jour là, las de le voir toujours comme à son habitude, Nicolas se sentit défaillir et s’apprêtait à quitter le café d’où il observait Kelvian quand il  bouscula une jeune  femme.

-          Oh, excusez moi… fit-il  livide.

-          Ce n’est rien, mais… Nicolas ?  C’est toi ?

-          Pardon ? Quand celui-ci  se retourna, il y  découvrit l’une de ses  ex.

-          Ah… Rébecca, ça  fait un bail.

-          Pour sûr !! J’ai failli ne pas te reconnaître !!

-          Ah bon ? Bah ce n’est rien. Bon je dois  y aller, je dois te laisser, portes-toi bien.

-          Hé ?? Mais  attends !! Tu commence  dans 1h !! On peut bien discuter un peu non ?

-          Heu… Tu connais mes horaires  mieux  que moi ?

-          Tu sais bien que  ce café m’appartient, imbécile. Les serveuses m’avaient bien dit que depuis quelque temps un beau  garçon venait manger les midis  ici, mais j’étais  loin de me douter qu’il s’agissait de  toi !! Ha ! Ha !!

-          Ah oui !! J’avais oublié que  tu tenais aussi ce café, et bien ma foi, quelle coïncidence.

-          Bah alors, pourquoi tu pars déjà ? Pour une fois que nous avions l’occasion de nous reparler depuis cette malheureuse époque.

-          Et bien, je n’ai pas pour  habitude de garder contact  avec mes ex, désolé.

-          Mouais, t’inquiètes je ne te tournerai plus autour ha ! Ha ! J’ai une  vie  à présent, j’attends un gamin  et je vais me marier  le mois prochain. Tu peux bien discuter avec moi hein, hein, hein !!?

-          Ok ! Ok ! T’énerves pas, je ne suis pas d’humeur là.

-          Je vois ça, c’est pourquoi je veux  discuter  avec toi, tu as vraiment une sale tête. Dire que  j’étais folle  amoureuse  de ce coureur de jupon, lui fit-elle  en le bousculant un peu.

-          Ça se voit tant que  ça ?

-          Comme  le nez  au milieu de la figure, allez viens, je t’offre un café.

-          … Merci…

Ils restèrent un long moment sans dire  un mot, quand Rébecca  brisa  le silence :

-          Ben alors, qu’est ce qui te met dans un état pareil ? Tu as mal géré une action immobilière ? Ça m’étonnerait, le taf n’a jamais été une source de problème  de ton côté…

-          Nan la semaine dernière j’ai été à une excursion en Laponie avec des ancien élèves, on a  failli y passer, Kelvian et moi, voilà une semaine qu’on est sorti de l’hôpital…

-          Kelvian ? Heu c’est qui lui déjà… Kinine !! Le  beau gosse là !! Vous étiez toujours fourrés ensemble tous les deux  à l’époque !! J’en avais  entendu parler mais je ne savais pas que tu y étais aussi, ça  alors…

-          Non, moi je passe inaperçu comme d’habitude  hé hé.

-          Ah bon ? Déchaîner une foule de  folles raides dingues de toi ça n’est pas suffisant ? Quel crâneur  tu fais ha ! Ha !

-          Ce n’est pas l’impression que j’ai quand je suis  avec Kelvian…

-          Ah. Ce n’est pas le même  calibre, il a des phéromones spéciales, lui. Pourquoi ça te  prends la tête ?

-          Non pas du tout, mais juste qu’on a failli y rester quoi, ça m’a fait  beaucoup réfléchir. Pendant qu’il disait  ces mots, il  avait un air sur son visage, comme une gêne, une honte.

Rébecca, surprise de lui découvrir  une telle expression avait au début, une folle  envie de lui sauter dessus, mais elle eut l’impression que la situation était plus grave qu’elle ne le pensait.

-          Tu sais, je n’ai jamais été  du genre à songer au futur  ni ce genre de truc…

-          Oui je sais.

-          Pourtant cette fois là, je me demandais au final, qu’est ce que j’avais  accompli ? Qu’est ce que je deviendrais si je ne crevais pas en Laponie ? Je me suis rendu compte que je n’ai jamais été  sérieux dans tout  ce que j’entreprenais, même au taf je prends ça  plutôt à la rigolade, avec les filles c’était pareil. Tout le monde évolue et moi j’en suis toujours au même point.

-          Tu veux dire que  tu ne savais même pas que tu étais comme ça ? Je  veux dire, tu n’avais pas encore pris conscience de ce genre de chose ?

-          Bah, pas vraiment. Regardes toi-même tu es passée à autre chose, tu as  une famille à présent, et tout.

-          Bah ouais quand même, on prend de l’âge, mon coco. Si je restais la même qu’avant je serais encore en train de pleurer parce que  tu m’as larguée hé, hé. Et puis, tu t’amusais certainement parce que tu n’avais pas  encore de déclic. Que  tu  t’en rendes compte à présent n’est pas plus mal, mieux  vaut tard que jamais. Peut être que  tu tomberas amoureux pour de vrai qui sais, lui dit elle avec un sourire triste.

À ces mots, Nicolas sursauta. Rébecca le remarqua.

-          Ha haa !! Quelle réaction alléchante Nico !! Tu as  enfin trouvé l’âme sœur ?

-          Ben, je crois…

-          Tu n’as pas l’air plus réjoui que  ça ? C’est à sens unique ?

-          J’en sais rien, je ne veux plus y penser !!

-          Ok, Ok ne t’énerves pas, ça à l’air sérieux. Je ne sais pas trop les tenants et les aboutissants de tes tourments amoureux, mais je te souhaite bien du courage, pour une fois que tu tombes amoureux de quelqu’un ça  serait génial que tu réussisses  à concrétiser tout ça. En tout cas, si tu ne veux pas que ça se sache, évite de toujours t’asseoir au même  endroit et regarder dans la même direction, conseil d’ami, lui dit-elle et lui faisant un clin d’œil puis en  se levant de la table.

-           !! Nicolas la retint par le bras. Tu… tu as deviné ?

-          J’ai ma petite  idée, hé hé, allez Nicolas, c’est l’heure d’aller bosser.

-          Ah oui flûte !! Demain tu seras  là ?

-          Han !! Tu veux me faire rougir ou quoi !!? Je suis fiancée à présent jeune homme, lui dit-elle  en lui tirant la langue.

-          Arrêtes tes blagues Rébecca, je suis complètement paumé là.

-          Roh, ce n’est même plus drôle, pour une fois que je pouvais me moquer de toi. Demain je  vais voir mon autre restaurant, je te file mon nouveau numéro appelles moi on conviendra d’un moment pour en discuter.

-          Merci. Merci beaucoup.

-          De rien mon grand, si je peux être d’une aide quelconque fait moi signe.

C’est ainsi que Rebecca disparut dans les cuisines de son café pendant que Nicolas enregistrait son nouveau numéro. Il demanda  par la suite l’addition il regarda dans la direction de Kelvian. Il eut semblé que leurs regards se croisèrent. Nicolas, se figea  sur place, mais il n’en était pas sûr. Quand il vit que Kelvian s’empressait de payer sa note, il en fit de même avant de disparaître dans la nature.

Peu de temps après Kelvian déboula dans le café, sans trop d’empressement mais avec suffisamment de hâte pour attirer le regard de tous ceux présents dans le café, s’en suivit une séance de chuchotements, mais ça il avait l’habitude. Il alla donc  à l’accueil en demandant pour  Nicolas, pour  lequel il donnait une brève description. Elles ne savaient que lui répondre car trop éprises de son charme.

-          Oh !! M. Kinine ?

-          Pardon ? Hey !! Rébecca !! Ça fait un bail ! Comment ça va ?

-          Ça va, ça va, ha, ha, quel bel homme tu fais Kelvian, tu es déjà marié ?

-          Toujours aussi directe  à ce que je vois. Tu es  également toujours  aussi ravissante très chère, quel plaisir de voir à quel point tu t’épanouis.

-          Oh ça suffit tu veux me faire tomber dans les pommes ? Coquin va ! Quelle agréable surprise  de te voir dans mon café !!

-          C’est ton café ? Oh là là, je ne savais pas du tout !! Ça veux dire que ton commerce marche bon train, la dernière fois qu’on s’est vu tu en avais déjà quatre au nord. Ça va, pas trop dur ? Ha, ha !!

-          Non, le commerce c’est toute ma vie hé hé. Il faut juste se battre constamment c’est tout. Pour toi, tout va bien aussi je présume, tu es un homme parfait !! Tu ne m’as pas dit si t’étais déjà marié chenapan, fit-elle avec une mine boudeuse.

-          Heu, non, je ne suis que fiancé ha, ha !! je vais bientôt me marier d’ailleurs.

-          C’est vrai ? Moi c’est le mois prochain !!

-          Non !! Pour de vrai ? Toutes mes félicitations !!

-          Merci, pareillement hein, je serais presque jalouse de cette fille qui te sert de fiancée  grr.

-          Bah tu la connais, c’est Hélène ha, ha, ha !!

-          Tu es  toujours avec elle ???

-          Heu oui, ta réaction me fait rire, fit il en gloussant de rire.

-          C’est bien ce que je disais le mec parfait !!! Depuis le temps que vous êtes ensemble pourquoi toujours pas mariés ?

-          Je pense que nous n’étions pas encore prêts, mais  tout va bien à présent.

-        C’est fantastique tout ça  sérieux file moi ton numéro pour que je vous invite à mon mariage,  je vous veux  tous les deux mouhahaha.

-          Pas de problème, je suis sûr qu’elle aussi en sera  ravie, tiens voici ma carte de visite, il y a tout dessus.

-          Roh la classe, je te dis pas ha ha, mais je ne veux pas de ton numéro professionnel moi !!

-          T’inquiètes c’est derrière, t’es toujours aussi marrante, dire  que tu étais si près tout de même, dommage, je ne savais pas  que c’était  ton café, je serais venu bien  plus souvent !! Je me laisse emmener par mes collègues par ci par là à chaque fois.

-          Je veux bien te croire, d’ailleurs quel bon vent t’amène dans mon modeste café, cela attise ma curiosité.

-          Ah !! J’avais cru voir Nico, donc je voulais le rattraper mais il a filé en douce je crois  ha, ha !

-          Ah oui c’est vrai j’ai discuté un peu avec lui, je ne l’ai même pas vu partir, toujours aussi mystérieux.

-          On a eu un accident la semaine dernière lors d’un voyage d’anciens élèves et je crois qu’il ne s’en est toujours pas remis…

-          Ah oui, il m’en a parlé vite fait aussi, vous avez failli mourir  je crois, non ?

-          Oui c’était intense mais bon après 3 jours à l’hôpital tout était en ordre  je suis retourné  bosser direct !!

-          Alors toi tu es un grand malade, quoi qu’il en soit, il était là et ne l’est plus désolée.

-          Ce n’est pas grave, je l’appellerai s’il veut bien décrocher.

-          Vous vous  êtes  pris la tête ?!

-          Non, pas vraiment, mais il n’est pas dans son assiette en ce moment, ça m’embête un peu qu’il veuille s’isoler comme ça.

-          Je vois. Vous  vous entendez toujours aussi bien à ce que  je vois décidément !! Tu es le seul à avoir pu garder le contact aussi longtemps avec lui, moi je lui ai à peine dit bonjour qu’il m’envoyait déjà bouler, l’enflure ha, ha !!

-          J’avoue que c’est une forte  tête, mais bon on s’entend bien, je ne vais pas  me demander pourquoi tant que tout va bien tu comprends.

-          Oui, oui t’inquiètes.

-          Ouh là !! Ce n’est pas tout ça, mais il faut que je retourne bosser !! Ça m’a fait plaisir de te revoir, j’attends ton coup de fil avec impatience !!  Lui dit-il en lui faisant la bise avant de s’éclipser.

-          Madame, vous connaissez que des top model !!

-          Ha, ha, j’ai eu beaucoup de chances à l’université dira-t-on. En tout cas, quelle situation croustillante hu, hu, hu.

-          Madame vous faites peur quand vous êtes comme  ça…

-          Roh, laisses-moi dans mon délire toi et retourne bosser.

-          Désolée.

-Nicolas, tu es tombé amoureux d’un super gros morceau, le genre de gibier convoité par tous mais complètement inaccessible, je veux bien t’encourager mais tout ça  ne servirait à rien…