Part 1

Un hiver particulièrement neigeux, un groupe d’anciens élèves avait organisé une excursion en Laponie. Le pays de la reine des neiges. Parmi eux, il  y avait un dénommé Kelvian Kinine, à qui tout avait réussi. Il était particulièrement élégant, beau garçon, il avait réussi avec brio ses études et vivait  d’un emploi grâce auquel il ne manquait de rien. Il s’était fiancé à une radieuse jeune fille qui elle aussi avait tout qui lui réussissait. Hélène Dujardy. Il s’agissait du couple parfait, elle aussi provenait de la même école, mais pour des raisons familiales elle se trouvait absente. Ils avaient un bon nombre d’amis mais parmi eux se trouvait un très bon ami de Kelvian, Nicolas Nimendi. Joli garçon au sourire ravageur, pour lequel bon nombre de jeunes femmes auraient donné leur vie. Il travaillait dans l’immobilier et donc avait bien abouti dans sa vie professionnelle également, cependant il laissait émaner de lui une impression assez mystérieuse, il était insaisissable.

C’est ainsi que tous se rassemblèrent pour le départ de l’excursion, on leur donnait les directives qu’il fallait suivre et autres conseils pour ce genre d’excursion. Pendant ce temps les deux compères conversaient tranquillement, ne prêtant aucune attention à ce que leur disaient les moniteurs.

            -Alors comme ça, la blonde qu’on avait vue la fois dernière t’a fait les yeux doux ? Dit Kelvian.

            -Et oui, je suis un tombeur que veux-tu…

            -Hé il faut que tu te stabilises un peu mon vieux, on va bientôt avoir vingt huit ans.

            -Hum… toujours aussi vieux jeu à ce que je vois.

            -Oh ça suffit, je pense à ton bien et la seule chose que tu trouves à me dire, c’est ça…

            -Tu ne vas pas me dire que je t’ai blessé pour ça quand même, t’es un grand garçon à présent, et puis…

            -Hum ? Quoi donc ?

            -C’est pas de ma faute si je n’arrive pas à trouver l’âme sœur…

            -Hum… Ouai bon, c’est vrai qu’avec une réputation comme la tienne, ce n’est pas facile de trouver une fille bien, mais moi je dis qu’il y a toujours de l’espoir, et puis tu es un bon parti…

            -Tu vas finir par me faire pleurer, toi à qui tout réussi, toi l’homme parfait, toi… et je te fais fi du reste…

            -Arrêtes… Ne me dis pas que tu vas me faire les mêmes histoires que ces gens qui ne me connaissent pas, tu me connais mieux que personne, on a déjà  tellement déconné ensemble.

            -Ah… pour ça, dit alors Nicolas le regard sombre.

            -Qu’est ce qui ne va pas ?

            -Ah non, t’inquiètes.

            -J’espère… Tu peux tout me dire tu sais ? Fit-il alors en s’éloignant; on l’avait appelé, attends je reviens.

« Et ben non, mon frère, il y a des choses qu’il ne  faut pas dire » pensait alors Nicolas, en le regardant s’éloigner. 

Plus tard, le groupe entama son voyage. Ils découvrirent les merveilles glacées que proposait ce pays de part ses paysages et sa faune. Ils montaient des tentes, faisaient des feux de joie. Tout se passait comme dans un rêve. Et cette impression était sublimée par le fait qu’il s’agissait d’anciens amis qui ne s’étaient vu depuis quatre à huit ans.

Le troisième jour, ils allaient traverser un col neigeux assez tortueux, mais  à faire la fête jour et nuit, certains tenaient à peine sur leurs jambes, d’autres ayant perdu leurs aptitudes sportives ne pouvaient suivre à la même allure. Il y avait quatre moniteurs, ils décidèrent donc de se séparer en deux groupes, l’un ou les moniteurs étaient moins expérimentés mais où les amis étaient en pleine forme et un autre où les moniteurs étaient très expérimentés mais où les amis étaient en plus mauvaise posture. Le deuxième groupe décida de prendre plus de temps avant de partir. Kelvian faisait parti du premier et Nicolas du deuxième. Quand ce dernier s’en rendit compte il alla près de Kelvian :

            -Hé vieux frère, pourquoi tu veux déjà rentrer ?

            -Hum ? Ben j’avais payé pour un certain nombre de jours, si je tarde Hélène va s’inquiéter…

            -Ah… Bon… Ben… Fit donc Nicolas renfermé sur lui-même.

            -Tu veux qu’on reste ensemble ? Bon, je vais demander combien de temps ça prendra de rester avec le deuxième groupe, fit donc Kelvian en se dirigeant vers le moniteur.

            -Ouais, super, parce que je ne suis pas vraiment pote avec ces gens là tu sais ? Extorqua Nicolas avec dédain.

            -Tu m’étonnes, c’est à se demander comment on a fait pour être amis tous les deux, ha, ha !

            -Très drôle.

            -Ben quoi, c’est un peu de ta faute tu sais ? Tu n’avais qu’à ne pas jouer au fou, comme ça on serait remonté tous les deux avec le premier groupe.

            -Et voilà, c’est ma faute ! S'énervait soudainement Nicolas.

Kelvian le regarda alors avec un air qui disait "et la faute à qui alors?"

            -Bon bon d’accord, je m’excuse, fit Nicolas, je suis tout à fait capable de suivre le rythme du premier groupe, alors je vais venir avec vous…

            -Oh !! Et bien en voilà du changement ! Le petit égoïste que tu es est en train de changer, dit alors Kelvian en lui tapotant l'épaule.

            -Mais je t’en prie…

            -Pas de quoi hu, hu.

Le temps de faire ses affaires, et Nicolas était prêt à partir. Cependant, le premier groupe commençait déjà à partir, le temps de se rapprocher, et le second moniteur avait déjà tourné le dos. Kelvian les regardaient s’éloigner essoufflé et à la fois dépité.

            -Hé ben… Ils ne perdent pas de temps…

            -Désolé…

            -Arf ce n’est pas grave, en plus on peut encore les rattraper, ce n’est pas perdu.

            -C’est vrai, mais la courtoisie voulait que je m’excuse quand même, annonça Nicolas d'un ton désappointé.

            -Oh là là, toi à toujours faire les choses bien…

            -Ben quoi, c’est normal voyons. 

Ils marchèrent donc sur ce tapis de neige blanc, suivant les traces de ceux qu’ils apercevaient au loin. En silence, mais soudés comme les deux doigts de la main. Toutefois on sentait que Nicolas avait quelque chose à dire, ça le dérangeait mais il ne pouvait s’en empêcher, à toujours vouloir faire les choses correctement. Kelvian, lui, le regard droit, fixant au loin le groupe qui s’éloignait, s’avançait sans la moindre hésitation, silencieux, concentré. Nicolas le regardait de dos, et se disait qu’il ne voulait pas le déconcentrer mais s’élança tout de même, car il ne voudrait pas regretter quelque chose qu’il aurait pu faire :

            -Hé tu sais, Kelvian…

            - Hum ? Fit-il en regardant droit devant lui.

            -Je pense que j’ai un secret…

            -Tu penses ? Tu n’en es pas sûr ? Si c’est le cas ce n’est pas un secret.

            -Hum. Tu as raison, je dirais plutôt une incertitude…

            -Hum, c’est bien ce que je me disais, ça ne te ressemble pas d’être aussi peu sûr de toi, Nicolas, tu es sûr que ça va ? Lui dit-il en se retournant.

            -Heu, en fait je ne sais pas, je ne me comprends pas, il regardait le sol et ne s’était toujours pas rendu compte que Kelvian le fixait.

            -Ben alors ? Lui dit il en se mettant juste en face de lui, tu m’as l’air tout timide là, t’es trop craquant comme ça, c’est bien la première fois que je te vois avec une telle expression ! C’est ta nouvelle technique de drague ?

            -…

Nicolas le regardait vraiment attristé, il ne savait pas par quoi commencer. Kelvian, se rendant compte qu’il était sérieux, ôta le sourire qu’il avait au visage. Il avait désormais une expression très sérieuse.

            -Quelque chose ne va pas ? Lui dit-il alors.

            -Me regarde pas, regarde devant toi, on va finir par les perdre, je peux bien te parler sans que tu ne me regardes.

            -Ouai, c’est vrai mais tu n’as pas l’air dans ton assiette alors…

            -Mais non, c’est juste que je ne sais pas par quoi commencer…dit-il la tête baissée pour dissimuler son expression.

            -Ah, d’accord, ben prends ton temps, si c’est si dur, ou bien tu n’es pas obligé de me le dire, je ne veux pas te forcer la main, tu sais ?

            -Ok, ok, c’est bon retourne toi.

            -Hum ? Qu’est ce qu’il se passe ? Tu ne veux pas que je te vois, hum ! Tu attises ma curiosité en faisant ça !! Fit donc ce dernier.

            -Ben puisque tu le prends comme ça je vais passer devant !!

            -Ah !! Non !! C’est bon !! C’est bon ! N’oublie pas que je suis en pleine forme et pas toi, laisse, c’est bon j’arrête de te taquiner, lui dit il en lui prenant la main, je vais t’emmener, et pendant ce temps tu me parleras, que tu peux être enfant des fois.

            -Ouais, je préfère ça…

Ils marchèrent donc un long moment avant qu’il ne reprenne…

            -J’ai l’impression que je ne tomberai jamais amoureux…

            -C’est vrai ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

            -Ben, j’ai eu des tonnes de relations avec des femmes, et à part du plaisir, je n’ai jamais eu la sensation  de vouloir finir mes jours avec l'une d’entre elles…

            -Tant que ça ? Mais  non je rigole, le truc c’est que tu n’es pas encore fait pour une relation durable, tu aimes encore le batifolage, une fois que tu en auras marre ça se fera naturellement, tu verras !!

            -Tu es sûr ?

            -Hein ? Ben moi c’est comme ça que je le vois, hein.

            -Hum…Mais j’ai l’impression d’en avoir aimé une de toutes mes forces et…

            -Woh !! C’est vrai ? Tu ne m’en as jamais parlé !!  Et quand tu lui as demandé à sortir, il s’est passé un truc terrible, c’est ça !? C’est donc peut être dû à un traumatisme !! S'excitait tout seul Kelvian.

            -Heu… Tu t’emballes tout seul, là. Je ne me suis jamais dévoilé à elle.

            -Vraiment ? Heu et tu sais ce qu’elle est devenue, cette fille ?

            -Cette fille ? Hum. Et bien, je dirais qu’elle a une vie parfaite, un peu comme toi quoi, elle n’a aucunement besoin d’un type comme moi, elle n’a surtout pas besoin d’un type comme moi... Fini-t-il par avouer d'une voix morne.

            -Et ben, tu m’as l’air bien dur avec toi-même, vieux frère, il ne faut pas abandonner !! À moins qu’elle ne soit déjà casée, je ne te dirai pas d’aller casser son couple, ce n’est pas bien, mais n’abandonne  pas comme ça…

            -Hum ! Si tu savais…

            -Et j’ai le droit de savoir ?

            -Certainement, mais je ne te le dirai pas…

            -Hum… Je suis septique… Il ne s’agit pas de mon Hélène quand même ?

            -Quoi !? Hélène ? T’es pas bien toi, tu sais qu’elle et moi c’est comme chien et chat et regardes ce que tu me dis là !! Fit donc Nicolas un peu vexé par cette remarque.

            -Ben quoi, je ne sais pas, moi, ne dit-on pas que l’amour commence par la guerre ?

            -Oh arrêtes avec ces phrases toutes faites…

            -Ok, ok, les blagues les plus courtes sont les meilleures…Mais je ne sais pas quoi dire pour te remonter le moral…

            -Si mon moral est à zéro, je ne pense pas que tu pourras y faire quelque chose, toi à qui tout sourit, finit donc ce denier.

            -Arrêtes ça, je vais finir par y croire si même mon meilleur ami me le dit comme ça…

            -Pff, je pense qu’après toutes les bêtises que j’ai déjà faites dans ma vie et aux souffrances que j’ai infligées à certaines femmes, qu’il n’y aura plus aucune femme qui pourra répondre à mes attentes…

            -T’es sérieux là ? Ce n’est pas trop radical ?

            -Non, c’est vraiment ce que je pense, dès que je rencontre une femme, elle a juste envie de se pavaner avec mon argent, de coucher avec moi, et je ne pourrai aller en chercher une dans un milieu qui ne me convient pas…

            -Eh ben…Je reste sans voix… Et qu’est ce que tu comptes faire ? Devenir moine ?

            -Toujours aussi drôle, à ce que je vois, non, je pense que j’irai chercher ailleurs, je vais devenir bisexuel…

            -T’es sérieux là !!? Tu décides ça comme ça ? Tu y arriveras ? Non, qu’est ce que je raconte ? C’est vraiment ce que tu comptes faire ? Dit alors Kelvian en se retournant vers Nicolas une seconde fois, surpris à souhait.

            -Non…

            -Ah… tu me rassures…

            -Je deviendrai homosexuel carrément, les femmes ne m’intéressent plus…

            -Nicolas, j’en reviens pas, que veux tu que je te dise ? C’est un bon choix ? Tu trouveras le bonheur comme ça ?

            -Je te dégoûte, maintenant c’est ça ? Kelvian…

            -C’est pas ça, mais, je ne pensais pas que les gens devenaient comme ça, sur un coup de tête.

            -Ce n’est pas sur un coup de tête, j’y pense depuis longtemps. J’espérais encore trouver l’âme sœur, mais je crois qu’après avoir autant pêché que je n’obtiendrai jamais quelque chose de bien en retour.

            -Qu’est ce que tu entends par pêché ? Questionna donc Kelvian sceptique.

            -J’ai aimé des femmes qui appartenaient déjà à d’autres, j’ai même volé la virginité de bon nombres de jeunes filles beaucoup plus jeunes que moi. J’ai mis des gens à la porte de leur propre maison avec mon travail… et j’en passe…

            -Mais… mais si ces choses là te prenaient tant à cœur pourquoi tu n’as pas arrêté?

            -J’ai arrêté, vieux frère, j’ai arrêté, c’est juste que ça me pèse et que je pense que je ne deviendrai jamais quelqu’un comme toi à présent…

            -Bon Dieu, Nicolas…

            -…il regardait sa main, retenue par Kelvian, tu peux me lâcher maintenant, tu sais ? À présent je ne suis plus de la même espèce que toi…

            -Mais qu’est ce que tu me racontes là ? T’es mon ami !! Alors ce n’est pas parce que tu changes de tendance que je vais te détester !! Regardes tout ce que tu fais, moi aussi j’ai fais du mal autour de moi, non pas que je l’assume mais j’en ai pleinement conscience !! T’es mon ami ! Je te soutiendrai quoiqu’il advienne !!

            -C’est vrai ?

            -Mais pour qui tu me prends ? Je ne lâche pas mes potes pour des raisons comme ça, je ne les lâche pas tout court !! Sinon je ne serai même pas là aujourd’hui !!

            -Tu approuves donc ma relation avec des hommes ?

            -Ben quoi ? Ce n’est pas comme si tu l’avais déjà fait, et puis quelque soit ce que j’en dise, tu as pris ta décision, n’est ce pas ? Et je te connais assez bien pour savoir que je ne pourrai rien y faire.

            -T’es vraiment un type exceptionnel, tu sais ?

            -Arrêtes je vais finir par y croire…

Quand ce dernier se retourna, il constata avec effroi que le groupe avait disparu, mais plus que ça, c’est avec horreur qu’il découvrait que le temps se gâtait en moins de temps qu’il en fallut pour le dire.

            -Oh mon dieu, fit il alors.

            -Je suis désolé, on les a perdus par ma faute…annonça alors Nicolas.

            -Non, non, ça on s’en fout, on peut leur courir après mais regardes moi ce temps ! Il doit s’agir d’une tempête ma parole !! C’est vrai que dans ces pays là le temps change plus vite que pour changer de slip !!!

            -Toi et tes expressions… Qu’est ce que tu comptes faire ? On rebrousse chemin ou on  poursuit leurs marques.

            -Rebrousser ? Tu te rappelles du chemin toi ? Pas moi. Les traces ? À mon avis faudra courir plus vite que l’éclair pour les rattraper avant que leurs traces ne s’effacent…

            -… Bon ben qu’est ce qu’on fait alors ? On campe ici ?

            -Ben… C’est une plaine de neige. Ça m’étonnerait qu’on ait le temps d’ériger un camp ici et ça m’étonnerait encore plus de voir que celui-ci résiste aux vents qui nous guettent.

            -Bon ben on fait quoi alors ? Annonça alors Nicolas les nerfs à fleur de peau.

            -Je pense que la voie la plus sûre c’est de suivre leurs traces avant que celles-ci ne disparaissent et je pense qu’on se rapprochera du fameux col, ainsi nous trouverons certainement une grotte pour nous abriter…

            -Tu penses à tout toi… Ben je m’en remets à toi, vieux frère…

Ainsi ils marchèrent en suivant les traces qui disparaissaient sous la neige qui tombait. Ils avançaient toujours même quand ils virent que les traces avaient complètement disparu.

Nicolas se disait qu’ils allaient peut être mourir à cause de lui. Il se sentait fautif mais était à la fois heureux de passer ces probables derniers moments en compagnie de son meilleur ami, qui n’avait jamais tenté de le juger. Il était fier d’avoir rencontré un type pareil. Vous pensez qu’il en existe réellement sur terre ?

Il devait bien faire moins quinze degrés. Des hommes de ville traversant des landes enneigées à des températures si basses. Ils n’existaient que par leur envie de survivre. Ils avançaient les pas alourdis par le froid et la fatigue. Nicolas n’avançait que parce que Kelvian l’y aidait, car il était réellement épuisé. Il n’en donnait pas l’air parce qu’il ne voulait pas paraître encore plus inutile qu’il ne l’était déjà.  Mais Kelvian le connaissait mieux que personne et sentait qu’il n’était pas dans son assiette, il lui serra la main de plus belle et l’entraîna dans une grotte qu’il avait aperçu en dépit du voile neigeux qui planait.

            -Nous sommes arrivé Nicolas, tiens bon…

            -…

            -Nous allons nous blottir  dans le fond pour se réchauffer un peu !! Tiens bon !!

            - Hé… je ne suis pas mort Kelvian…

            -Mais tu ne répondais pas…

            -Désolé j’ai les lèvres toutes gercées…

            -Tu m’étonnes, t’as vu ce temps ? Ha ! Ha ! Si on survit il faudra mettre ça en livre : je vois déjà le truc, Nicolas et Kelvian, les amis du destin !

            -T’as toujours la force de plaisanter ça veux dire que ce n’est pas maintenant que tu vas crever c’est déjà bien…

            -Toujours à broyer du noir celui-là, ce sont peut-être nos derniers instants, mec. Il faut en profiter.

Il faisait noir. On entendait le vent qui soufflait encore et encore dehors. Toutefois Nicolas regardait dans la direction de Kelvian avec un air triste.

            -Et…

            -Hum ? Quoi donc ?

            -Et si on meurt ici, ce sera de ma faute…

            -C’est vrai.

            - !!

            -Mais bon, il est des choses qui arrivent parce qu’elles devaient arriver. Si on meurt ici c’est que c’est ce qu’il fallait qu’il arrive ! C’est tout !

            -Et tu ne m’en veux pas ?

            -T’en vouloir ? Ça me permettrait de rester en vie selon toi ?

            -Heu non je ne pense pas…

            -Ben tu vois, ici et maintenant  nous ne sommes que tous les deux, nous risquons de mourir de froid dans une heure, deux heures, enfin nous risquons de mourir à tout instant. Si je devais me fâcher avec mon meilleur ami juste avant de mourir alors que nous ne sommes plus que tous les deux ce serait mourir con, tu ne penses pas ?

            -Moi à ta place, je serais vert de rage et…

            -Même envers ton meilleur ami ?

            -Heu… Hum… Ah bien y réfléchir, t’as raison…

            -Ben tu vois ? Ce que tu peux être gamin de temps en temps, enfin moi c’est comme ça que je t’aime !! Dis Kelvian insouciant.

            -Et tu ne regretterais rien ?

            -Bien sûr !! Bien sûr que j’aurais des regrets !!! Pourquoi ? Pas toi ?

            -Hé ? Fit donc Nicolas stupéfait.

            -Bien sûr que ça me ferait chier d’avoir laissé une aussi belle créature seule et veuve avant même notre mariage, quant à ma famille, ils me maudiront de les avoir quittés aussi jeune et cette entreprise qui m’a embauché pour je ne sais combien de millions, ils se diront qu’ils ont gaspillé de l’argent pour que j’aille crever sans rien leur rapporter, c’est eux qui me maudiraient le plus je crois hi, hi !

            -Hé ben…

            -Et toi, qu’est ce que tu regretterais ?

            -Ben tout d’abord de ne pas avoir remis sa maison à cette petite vieille qui y vivait depuis plus de soixante dix ans et… hum… ma famille ? Ils n’en ont rien à battre de ma gueule… et aussi, je regretterais de ne pas avoir encore couché avec un homme, c’était ma nouvelle résolution…

            -Ah…

            -Je sais, désolé de t’emmerder avec ça…

            -Moi je ne m’y connais pas du tout pour ce genre de chose, mais il n’y a pas une histoire de passif et d’actif dans ces histoires d’homosexuel ?

            -Oh !! Tu m’étonnes !! Tu es vraiment un type renseigné vieux frère !!

            -Ben quoi, je ne suis pas totalement coupé de ce monde et puis c’est une nouvelle tendance, qui n’en a pas encore entendu parler ?

            -Ouais bof… C’est vrai que je n’y avais pas encore pensé… Un coureur de jupons comme moi devrait être un actif mais… comment dire… je n’ai absolument aucune expérience à ce niveau, il faudrait peut être que je commence au bas de l’échelle, en tant que passif.

            -Alors, tu veux me dire que ça ne t’effraie pas de savoir que tu risques de te faire prendre par un autre homme ? C’est sensé être une expérience assez traumatisante, je trouve. Surtout que c’est contre nature. Tu t’imagines bien avec un pénis dans le dos ? Dis-moi que tu n’es pas totalement résolu, Nicolas…

            -Tu as si peur pour moi, Kelvian ? Ça me touche beaucoup. Mais tu sais tant qu’on ne connaît pas on ne peut pas se prononcer, je te dirai quand j’aurai essayé…

            -Tu m’impressionnes mec, franchement… Et tu comptes me raconter tes ébats ?!

            -Ben quoi ? Je peux tout te dire à toi non ? Et puis comme tu le disais tout à l’heure, je ne veux pas mourir con, je voudrais savoir ce que ça fait au moins une fois, tu vois ?

            -Mouais, tu sais dire de belles paroles, mais je n’en reviens toujours pas, si tu l’avais déjà fait et que tu y avais pris du plaisir j’aurais compris, mais là sur un coup de tête soit disant réfléchi un coureur de jupons comme toi… Et tu ne veux pas faire les deux ! Mais qu’avec les hommes, parce que tu as eu beaucoup de relations infructueuses… chapeau…

            -Merci !

            -Je ne sais pas si c’est vraiment un compliment.

            -Mais tu sais, j’avoue que ce n’est pas seulement pour ça, c’est par curiosité aussi…

            -C’est ce que j’en ai déduit, étant donné que tu as parlé de ne pas mourir con…

            -Oh ça va hein ! À toujours vouloir jouer à la tête de classe…

            -Mais non, c’est juste ce que j’en ai déduit…Dit alors Kelvian tout renfrogné.

            -Ouais, c’est ça, mais dis moi, toi-même tu me l’as dit, c’est plutôt tendance en ce moment les relations homosexuelles, tu ne t’es jamais demandé pourquoi ? Peut être que c’est une expérience enrichissante, peut être que c’est tellement bien que  même les grands politiciens y prennent part alors qu’ils sont d’imminentes personnalités publiques !!

            -Je découvre un tout autre Nicolas, là. Tout à l’heure, tu étais timide renfrogné, mignon, et là, te voilà passionné, remonté et toujours aussi mignon…

            -Qu’est ce que tu racontes ? Retorqua Nicolas les yeux écarquillés.

            - Je ne sais pas je commence à avoir envie de dormir, dit-il en baillant.

            - !! C’est vrai que tu as beaucoup plus forcé que moi durant la montée, mais il ne faut pas s’endormir tu sais ? C’est comme ça que les gens crèvent…

            -Crève… tu ne peux pas parler normalement de temps en temps…

            -Hé !! Kelvian tu ne vas pas dormir !! Je ne vais pas te laisser dormir !! Tu m’as sauvé la vie, je ne vais pas te laisser dormir !! Criait-il.

            -Mais pourquoi tu cries ? J’ai mal à la tête.

            -Tu m’étonnes !! Tu ne vas pas dormir je te dis, lui dit il en le secouant.

            -Oh la, mais qu’est ce qu’il a à s’exciter tout seul lui, Nicolas, vas te reposer toi aussi… En plus j’ai de plus en plus froid…Kof kof !

            -Heu, je ne sais plus quoi faire, avec une tête de mule pareille, il va s’endormir à coup sûr !! Kelvian !! Écoutes-moi bien !! Si tu t’endors je vais te violer !! Tu entends ?

            -Qu’est ce que tu dis ? Me quoi ? Violer ? On ne dit pas ça à un  ami, il faut dire te faire l’amour. Depuis le temps, tu ne sais toujours pas ça ? Pour toutes les belles filles que tu t’es déjà fait, c’est une honte ! Annonçait calmement Kelvian grogui par la fatigue.

            -Ce n’est pas ça, je vais te faire l’amour si tu t’endors, toi qui es un homme.

            - !! C’est ce que tu m’as dit ? Tu deviens fou ma parole !

            -Ah tu reprends tes esprit c’est déjà bien, tu n’as pas intérêt à t’endormir sinon je te saute dessus…

            -C’est sérieux ?

            -Et comment !! Tu penses que je vais te laisser crever, non, mourir sous mes yeux parce que je t’ai laissé dormir ? Alors là tu rêves !!

            -Ok, je vais rester debout, du moins je vais essayer, mais tu n’as pas froid ?

            -Qu’est ce que tu racontes ? Il doit bien faire moins trente dehors, comment ne pas avoir froid ?

            -Tant que ça, Mais j’ai l’impression qu’il fait plus froid qu’il y a deux minutes…

            -Tu m’étonnes, si tu t’endors tu sentiras beaucoup plus le froid.

            -Ah c’est pour ça… fit il en baillant… Et toi tu n’as pas sommeil ?

            -Oh que non, je ne vais pas te laisser dormir, tiens si t’as froid mets toi par là, je vais essayer de te réchauffer !

            -Et toi, qui te réchauffe ?

            -Pas besoin !! Je suis assez déterminé à ne pas te voir clamser pour ne pas avoir froid du tout !!

            -Pourquoi tu veux tant me sauver, j’ai trop envie de dormir...

            -Tu me poses la question ? Je n’ai jamais eu un ami aussi dévoué que toi, tu passes à tous mes caprices, et tu tentes à chaque fois de m’aider !! Tu aurais pu me laisser tomber dans la montagne, mais non, tu ne l’as pas fait. Tu me sauves tout le temps, c’est à mon tour à présent !!

            -Diantre ! C’est fou ce que tu parles aujourd’hui, je ne te savais pas si bavard…

            -C’est ça ouai, en tout cas t’as intérêt à toujours me répondre, sinon, je te saute dessus !!

            -Tu sais, je suis tellement fatigué que je suis prêt à prendre le risque, et puis le faire avec toi ne va pas me tuer, je te fais confiance…

Nicolas rougit à ces mots.

            -Hé mec il faut que tu fasses attention, maintenant, je ne fais plus partie de ton espèce, tu risques de m’attendrir.

            -Désolé, mais je ne sais pas, j’ai toujours eu envie de faire comme toi, de vivre de façon aussi insouciante, j’ai bien envie d’essayer une fois si tu essaies aussi.

            -Hé !! Le froid te fait déconner mec ! Penses à la bombe qui t’attend chez toi en ce moment !

            -Hum… Tu as raison… je dis n’importe quoi…

            -Hé ! Ne t’endors pas, Kelvian.

Mais Kelvian était déjà dans le monde des rêves, à son insu, la fatigue le dépassait totalement, il n’y pouvait rien. Nicolas, lui s’inquiétait, il le secouait encore et encore, mais rien n’y fit son épuisement était tel que plus rien ne semblait l’empêcher de se diriger vers la mort. C’est alors que  Nicolas l’embrassa afin de lui réchauffer le visage. Kelvian s’éveillait à cause de la douce chaleur qui en résultait :

            -Woh… je ne dors pas encore… Nicolas… Tu es trop pressé… Hé… Hé…

            -Si, tu t’endors, et tu sais quoi, je vais arriver à te faire bander, malgré le froid… T’es un homme comme moi, je sais quels sont les gestes qui me feraient jouir…

Mais Kelvian, ne l’écoutait plus. Pris de peur Nicolas ôta ses gants  et enfila sa main dans l’entrejambe de Kelvian, veillant bien à saisir son engin. Il exécuta alors des mouvements peu anodins, qui firent jouir Kelvian à son insu, c’est son corps qui réagissait. Il commençait à avoir chaud, et ouvrit les yeux. Il faisait noir mais il sentait qu’on était en train de le toucher.

            - !! Mais qu’est ce que… Ha ! Ha ! Oh  mon Dieu qu’est-ce qui se passe ?

            -N’aie pas peur, c’est moi …

            -Moi qui ça ? Nicolas ? Haa ! Qu’est ce que tu fais ? Oh… arrêtes ça…

            -Tu t’es endormi, et malgré toutes les baffes que je te donnais tu ne te réveillais pas, c’est la seule solution que le pervers que je suis  a trouvé pour te réveiller, tu as chaud maintenant, non ?

            -Oh… oui… très chaud !! C’est bon maintenant, tu peux me lâcher !!

            -Désolé, je ne voulais pas vraiment te faire ça…

            -Tu… tu m’étonnes… Putain… Qu’est ce que c’est que ça ? Tu… m’as mis dans tous mes états…

            -C’est bon à savoir pour mon futur, s’il a lieu… Fit alors Nicolas sombre.

            -Ouai mais pas bon pour le mien…Fit Kelvian à son tour dépité.

            -Encore désolé, vieux frère.

            -Bof au moins, je suis réveillé et je n’ai plus froid, hou !

            -Mais tu sais, même si je n’avais pas changé encore de route, je pense que je l’aurais fait.

            -C’est vrai ? Tu tiens tant que ça à moi ?

            -Je te considère désormais comme ma seule famille mec. Si je peux t’empêcher de mourir sous mes yeux…

            -Ha ! Ha… T’es vraiment un pote, mais bon il vaudrait mieux qu’on garde ça entre nous.

            -Oui encore désolé…

            -Ouai c’est bon j’ai compris.

Il ventait encore et toujours, telle une berceuse marmonnée par la mort. Chacun  des deux amis vacillaient face à l’oppressante fatigue. Le cœur de Kelvian bondissait dès qu’il se rendait compte qu’il était sur le point de s’endormir suite à ce qui s’était passé. Nicolas aussi brûlante que pouvait être sa détermination avait bien du mal à tenir debout lui aussi.

            -Hé… dit alors Kelvian, mec t’es sur le point de t’endormir… Ha…Ha…Rétorqua donc ce dernier.

            -N’importe quoi… D’où t’as vu ça ?

            -Ouai c’est ça… t’inquiètes… moi aussi je suis mort de fatigue…

            -Je n’en reviens pas d’être encore éveillé…

            -Tu crains quelque chose c’est normal… Une proie ne peut se permettre de baisser sa garde sachant que son prédateur n’est pas loin, c’est normal, non ?

            -Tu n’as pas beaucoup d’estime pour toi-même, mec… Pourquoi tu parles comme ça ?

            -Quoi ? Ne me dis pas que j’ai tort Kelvian…

            -Je ne dis pas que tu as tort, je dis juste que tu ne t’estimes pas quand tu parles de toi comme ça…

            -Tu ne retiens que ça ? J’ai surtout voulu parler de toi comme d’une proie fragile, je pensais que tu me dirais que je ne t’estime pas toi !

            -Hein ? Ce n’est pas faux ça !!

            -On m’a toujours traité de prédateur, alors cette définition me va bien je trouve…

            -Je commence à avoir peur, pas toi ?

            -Peur de quoi ? De crever ici ?

            -Ça m’effraie de savoir qu’on peut mourir ici, mais pourquoi tant nous faire languir…

            -Hé ? S'arrêta donc Nicolas surpris.

            -J’ai toujours voulu vivre vieux… Mais j’ai toujours voulu mourir sans souffrances, l’âme en paix…

            -Tu veux dire que si on est vraiment voué à mourir ici, tu voudrais que ce soit rapide ?

            -En quelques sortes…

            -Pourquoi ça ? Moi j’apprécie ces instants avec toi, moi j’ai toujours voulu mourir apprécié sincèrement de quelqu’un… Mais bon, selon moi, une fois mort on s’en fout de tout ça, ce ne sont que des détails…

            -Tu as si peur que ça d’être seul, Nicolas ? Reprit alors Kelvian sérieux.

            -…

            -Je ne te savais pas si torturé…

            -Tu te rappelles quand on était en cours auparavant ? Avec ce prof de philo.

            -Hé ? Oui… Pourquoi ?

            -Depuis la fois où il nous avait dit que l’homme n’est plus vraiment l’homme sans l’homme…

            -Tu suivais les cours de philo ? Annonça alors Kelvian estomaqué par cette réplique.

            -Je suis un monstre en étant solitaire… Je voudrais bien changer avec le contact des autres… Mais ça ne s’est pas arrangé…ha ! Ha ! Je faisais souffrir d’avantage mes proches jusqu’à ce qu’ils me détestent… j’en avais pleinement conscience… Et pourtant je continuais… Quelle ironie…

            -C’est étrange…

            -Quoi donc ?

            -Je t’ai toujours considéré comme mon meilleur ami…

            -Hum ? Fit-il alors en se tournant vers Kelvian.

            -Mais j’ai l’impression que c’est maintenant que je te connais pour de vrai… Comme si je pensais te connaître alors que ce n’était pas du tout le cas…

            -Kelvian… Non… Ce n’est pas…

            -Tu t’es toujours un peu méfié de moi pas vrai ?

            -Non !! Ce n’est pas ce que je voulais dire !!

            -Je suis content de te découvrir maintenant… J’espère que ce n’est pas juste parce que tu penses qu’on va mourir aujourd’hui que tu me fais tout découvrir de toi…

            -Non… Mais tu aimes trop te triturer la tête !!

            -Je ne me triture pas la tête, c’est ta personnalité qui est comme ça… On n’y peut rien… Moi je serai toujours le même avec toi, même si toujours c’est un peu compromis aujourd’hui hi ! Hi !

            -Kelvian…

            -Alors comme ça tu ne veux pas mourir seul ? Comme c’est égoïste…

            -C’est quoi ça encore ? T’écoutes quand je te parle ?

            -Pourtant les gens naissent seuls et meurent seuls, tu ne le savais pas ? Ah ! Ah ! Petit chenapan…

            -Le froid le fait délirer ? C’est ça ? Kelvian ?

            -Tu me parles de cette fille ?

            -Fille ? De quelle fille tu me parles encore ?

            -Celle dont tu es amoureux ma parole !!

            -Mais je t’ai dit qu…

            -Celle que tu as dit t’être inaccessible…

            - !! Nicolas en tomba à la renverse. C’est quoi ça ?

            -Allez !! Maintenant que tu me fais plus confiance tu peux me le dire !!

            -Je t’ai déjà dit que je ne te le dirais pas…

            -Tu es dur avec moi quand même… Tu n’aurais pas dû attiser ma curiosité…

            -Mais qu’est-ce qui te prend ?

            -Comme tu as changé de côté je pensais que ça ne te gênerait plus de le dire… J’ai eu tout faux apparemment…

            -Je ne comprends pas, ce que tu dis est décousu, je ne sais pas si tu es sérieux, endormi, je ne sais pas, tu as toutes tes idées claires ? Tu pensais donc à tout ça ?

            -Quel est le rapport ? Si je suis endormi, tu me le diras, c’est ça ?

            -… C’est toi qui es dur avec moi Kelvian… Je ne peux pas te le dire car j’ai menti depuis le début…

            -Hum… Bien ! On avance, on avance… Continue…

            -Pourquoi t’es aussi détestable tout à coup ?

            -Parce qu’une conclusion m’est apparue à l’instant…

Le cœur de Nicolas se serra aussitôt.

            -C'est-à-dire ?

            -Je te le dirai si j’estime que tu me fais suffisamment confiance pour me répondre… Quand tu m’as dit dès le début, ça veut dire que tu n’avais pas besoin de cet amour impossible avec cette fille pour changer ?

            -…

Les yeux mouillés à souhait, Nicolas était tremblant, fébrile, et ce n’était pas dû qu’au froid.

            -De quoi as-tu peur ? Je ne te mangerai pas, tu sais ? Même s’il s’agit d’Hélène je ne t’en voudrais pas tu sais ?

            -Je ne veux pas détruire ce que je possède… C’est pour ça…

            -Tu détruis quoi ici, avec des mots ? Fit alors Kelvian en le bousculant un peu.

            -Le cœur des gens…

            -Des gens ? De quel gens tu  parles ? Il n’y a que toi et moi ici. Tu parles de moi ? Comment pourrais-tu me briser ?

            -Toi qui es si perspicace…

            -… Ne joue pas sur les mots, je n’attends qu’une réponse…

            -Kelvian… Kelvian… Ne… Non Kelvian tu…

            -Quoi ? Quoi ?

            - Je ne veux pas que tu me détestes…

            -Parce que ?

            -Parce que c’est de toi que je suis tombé amoureux !! Bordel !! Tu m’as vraiment poussé à bout pour que je te le dise !! C’est de ça dont tu te doutais, c’est ça !!? Ah putain !! Je m’étais juré de jamais le dire… dit il en larme.

            -…

            -Aaah, pourquoi tu parles plus ? Dis quelque chose bordel !!

            -Pourquoi ça me détruirait ? D’où tu as vu que je déteste les gens qui m’aiment ?

            -C’est quoi ça ? Je ne te crois pas putain, t’as trop réfléchi avant de parler !! Tu me dis ça pour ne pas me blesser c’est tout, comme à ton habitude avec les autres !!

            -Mais ne tu n’es pas les autres Nicolas… dit il alors doucement en faisant s’asseoir Nicolas.

            - Ne me déteste pas pour ça, mec…

            -Je ne te déteste pas, je m’en suis douté après avoir vu comment tu te comportais avec moi depuis quelques temps et ce changement de bord soudain…Fit il ainsi en le serrant dans ses bras.

            -Je ne te dégoûte pas ? C’est vrai ? Tu ne dis pas ça pour ne pas me blesser, hein ?

            -Mais quelle idée… Il faut être fou pour détester quelqu’un qui t’aime…

            -Kelvian, je suis désolé…

            -De quoi ? De m’aimer ? Tu es vraiment marrant aujourd’hui… Je suis rassuré de savoir que c’est quelqu’un qui m’aime qui m’a fait jouir de plaisir tout à l’heure… Personnellement j’en aurais pris un coup…

            -Tu m’as fait craquer pour ça ?

            -Heu… Non, j’essayais de rafraîchir  l’ambiance…

            -Rafraîchir quoi !!? Il fait moins trente dehors je n’ai vraiment pas besoin de ça, putain, tu m’as fait pleurer, merde ! T'as pas de cœur.

            -Ça prouve que t’en as un au moins, hi, hi.

            -Tu te fous de moi !!? Moi non plus je ne te savais pas comme ça bordel !!

            -Mon Dieu, tu es vraiment vulgaire aujourd’hui…

            -La faute à qui ? Lâches-moi maintenant…

            -D’accord, bon !

            -Heu non !! En fait, tu peux recommencer, j’ai oublié qu’on était au bord de la mort !! Autant en profiter !

            -Ok… Comme ça, ça m’empêche de dormir hé, hé.

            -Tu dis vraiment des trucs désagréables aujourd’hui toi… 

Finalement, aucun des deux amis n’a pu résister à l’appel du sommeil. Et c’est en faisant de doux rêve que les deux virent passer la tempête. Arriveront-ils à se réveiller ?