Part 9

Ce soir-là promettait d’être le grand soir. Il avait décidé de ne plus faire de pas en arrière s’il voulait que Kelvian lui appartienne. Il fallait qu’il le lie à lui une bonne fois pour toute.

Dans le feu de l’action Kelvian se retrouva face à face avec Nicolas, tout deux consumés par la chaleur qui envahissait leur corps. Toutefois, pendant un bref instant, il pensa à Emmanuel. Se sentant une nouvelle fois très mal à l’aise à ce propos, il restait là, fixant sans retenue le torse imberbe et ferme de Nicolas, ce corps souple et musclé. Ca changeait vraiment de ses autres conquêtes. Pourtant ce détail ne l’arrêterait pas. Ces derniers temps, il en avait rêvé. De pouvoir l’étreindre d’une passion débordante. Il craignait, quelque part, que tout cela n’ait été un rêve.

Il tâtonna l’être aimé timidement cette fois, du bout des doigts au début. De tendres caresses par la suite. Partant de l’oreille à la clavicule. Il posa sa large main sur son torse par-dessus la chemise entre-ouverte avant de lui pincer délicatement le téton gauche.

Nicolas était gêné à l’extrême. Voilà belle lurette qu’il ne pouvait plus regarder Kelvian. Incapable de lâcher un mot, excepté quelques souffles obscènes haletants. Les simples caresses le mettaient déjà dans cet état ! Il se demandait comment Kelvian pouvait faire preuve d’autant de douceur et de délicatesse alors qu’il était un homme, tout comme lui.

Un frisson. Deux frissons. Nicolas ressentait des profondeurs de ses entrailles l’extase que lui procuraient le simple toucher de l’être qu’il a, depuis tant d’année déjà, aimé d’un amour aussi pur et sincère que de l’eau de roche. Sur son visage se lisait une passion si douloureuse que Kelvian se figea. Il fallut quelque secondes avant que Nicolas ne le remarqua :

       -Qu… Qu’y a-t-il ? Finit-il par dire.

       -Heu… Je m’y prends mal ? Tu n’aimes pas ?

Nicolas ne trouvait pas de mot pour exprimer son incompréhension. Il pensait juste très fort : « T’arrives à t’arrêter comme ça, toi ? »

Après s’être jeté à côté de Nicolas en soupirant, Kelvian se retint les mains, comme pour tenter de se contrôler :

       -Désolé, j’ai oublié que tu n’étais pas une femme… Te toucher comme ça… Ce n’est vraiment pas très…

       -Mais qu’est-ce que tu racontes !? S’énervait alors Nicolas.

       -Pardon ?

       -Je… Est-ce que j’ai dit que ça n’allait pas ?

Sur son visage arborait une frustration franche.

       -Mais tu m’as demandé d’être doux avec toi. Si tu fais cette tête, comment veux-tu que…

       -Quoi !? Quelle tête !? Lui lança alors Nicolas en le chevauchant. Tu m’envoyais au septième ciel, là ! Comment peux-tu t’arrêter en cours de route comme ça ? Tu m’exaspères… !

En fait, cette maladresse dont faisait preuve Kelvian dévoilait une nouvelle facette de sa personnalité. Heureux de lui connaître une telle expression, Nicolas devint plus entreprenant. La fois où Kelvian lui avait léché le lobe de l’oreille lui avait extrêmement plu, il décida alors de commencer en faisant de même tout en déboutonnant la chemise bleue azur que portait Kelvian. C’était à son tour désormais d’être en proie à cette stimulation sensuelle. Nicolas voulait l’étreindre, le chérir.

Tout-à-coup, Kelvian se rappela qu’il était saoul. La dernière fois que ça lui était arrivé, il s’était découvert un sadisme inquiétant de part sa nature taquine. Il refusait catégoriquement de le brusquer et de l’effrayer une nouvelle fois. C’est donc pour cette raison qu’il se raisonna et lui murmura à l’oreille, d’un souffle haletant :

       -Nico…

       -Hum ?

       -Attache-moi les mains, s’il te plaît.

Nicolas, une nouvelle fois stoppé dans son élan, n’avait qu’une envie : lui mettre un coup de boule :

       -Pourquoi faire !?

       -Je ne pourrai pas me retenir plus longtemps à ce train là…

       -Hé ? Pourquoi tu te retiens ? Tu n’aimes pas ?

       -Tu voulais que je sois doux, non ? Si tu continues à me stimuler, je ne vais pas te ménager…

Nicolas n’en croyait pas ses oreilles. Il pouvait être maladroit et adorable à la fois… Mais toutefois trop bavard…

       -Depuis quand tu parles autant quand tu couches avec quelqu’un !? Tu as cru que j’étais en cristal ou quoi !?

Kelvian sourit sadiquement, comme s’il s’y attendait. Avant que Nicolas ne remarque son erreur, ils avaient déjà interverti leur position.

La nuit promettait d’être torride.