Part 8

 Kelvian avait envoyé un message à Nicolas, lui disant qu’il se pointerait à son appartement aux alentours de 20h. Il en fit de même à Hélène pour lui dire qu’il souhaiterait lui parler. Ni l’un ni l’autre ne lui répondit. Il s’installa donc dans son fauteuil d’un air bien las avant de soupirer.

       -Est-ce que mère m’aurait tout dit parce qu’il a réellement disparu de la circulation ?

Se frottant la tête nerveusement, Kelvian se sentait vraiment mal vis-à-vis de Nicolas par rapport à Emmanuel. C’était bien la première fois qu’il ressentait une chose pareille.

       -Serait-ce… Du remord ?

Tandis que Kelvian ricanait seul dans sa chambre, Nicolas lui, faisait les cent pas, nettoyant frénétiquement son appartement déjà très propre. Il ne savait pas quoi faire pour que la soirée se passe bien.

       -À quand remonte la dernière fois où j’ai été aussi stressé déjà ?? Je suis bête, ce n’est pas la première fois que Kelvian viendra à la maison…

Il se désespérait lui-même, tant et si bien qu’il alla prendre un bain pour se rafraîchir les idées.

Plus tard, c’est donc décidé que Kelvian quitta le foyer familial afin d’aller chez Nicolas. C’était sensé être une soirée film donc il fallait des collations et de quoi grignoter, il passa donc dans un petit super marché sur le chemin et s’arrêta devant la fleuriste. Comme aspiré par le bouquet de fleurs blanches au côté des roses blanches. La fleuriste l’ayant remarqué vint à son encontre :

       -Bonsoir mon bon Monsieur ! Les Agapanthes vous plaisent ?

Il était tant dans ses pensées qu’il ne remarqua la jeune femme que lorsqu’elle pencha la tête vers lui, lui demandant si tout allait bien.

       -Oh ! Pardon. Bien le bonsoir gente damoiselle. Veuillez pardonner mon étourderie ! Dit-il alors en arborant son sourire de Don Juan.

       -Ce… Ce n’est rien… Répondit-elle intimidée.

       -Ce sont des Agapanthes, c’est ça ? Elles ont un parfum délicat !               

       -Oui !! Vous l’avez remarqué vous aussi !! En général, les clients se focalisent sur les roses car elles ont une réputation qui n’est plus à refaire, ou les orchidées. C’est bien dommage d’ailleurs…

       -Dommage ? Demanda alors sceptique Kelvian.

       -Vous savez, dans le langage des fleurs, l’agapanthe signifie « amour » mais  personne ne s’intéresse à ce genre de chose de nos jo… fit donc la jeune femme en s’interrompant en voyant l’expression de Kelvian s’illuminer.

       -Vr- Vraiment !! Je peux en avoir un beau bouquet alors, s’il vous plaît ?

       -Bien sûr !! Vous êtes un grand romantique à ce que je vois, ha, ha ! Faisait donc cette dernière amusée.

       -Vous trouvez ? Annonçait-il tout fier.

       -Si, si je vous assure.

19h57. Kelvian était devant la porte d’entrée de Nicolas. Il attendait 20h pour sonner. Aux anges. Il entendit les pas d’un voisin passer derrière lui :

       -Bonsoir, lui fit donc ce dernier.

       -Bonsoir !! Lui répondit avec entrain Kelvian sans même se retourner vers lui.

       -Heu excusez-moi ? Il vous faut quelque chose ?

       -Pardon ? Demanda alors Kelvian d’un air perplexe.

       -Et bien oui, voilà un moment que vous êtes là…

Le silence pesa un moment avant qu’il ne comprenne où ce jeune homme voulait en venir : Il avait l’air louche.

       -Oh ! Heu non, j’ai rendez-vous avec mon ami, il vit juste ici… Dit-il en s’arrêtant.

Le jeune homme ressemblait à Karen. Il devait s’agir de son fils… Les images de ce qui s’était produit lors du week-end sanglant lui vinrent à l’esprit comme un déluge de puissants sentiments : la culpabilité.

       -Ah ? Vraiment ? Et bien désolé de vous avoir dérangé. Passez une bonne soirée, disait le jeune homme en repartant nonchalamment.

C’est alors que Nicolas ouvrit la porte. Il s’apprêtait à mettre les ordures dehors :

       -Bah… Kelvian ? T’es là ? Pourquoi tu ne sonnes pas ? Demandait-il interrogatif.

       -Heu c’est stupide mais j’attendais 20h pile ha, ha.

       -Pour stupide, tu es stupide, fit-il d’un air dépité.

       -Toi tu sors dans cette tenue ? Fit alors Kelvian pouffant de rire.

En effet, Nicolas portait juste une chemise blanche à moitié déboutonnée. Il n’avait pas remarqué l’heure. À cette réplique il vira au rouge ne sachant plus où se mettre :

       -Je… Je suis chez moi à ce que je sache ! Je peux m’habiller comme je veux…

Il recula à mesure que Kelvian s’introduisait dans son appartement.

       -Je m’invite puisque tu ne me fais pas rentrer, disait-il en enlevant son manteau.

       -Heu… C’est parce que tu m’as surpris !! Tu… C’est quoi ça ? Faisait Nicolas en pointant du doigt ce qu’avait apporté Kelvian.

       -Des encas, on ne va pas regarder des films le ventre vide tout de même ! Ah !! Oui, tiens !!

Il lui tendit le bouquet d’Agapanthe l’air de rien. Nicolas recula de plus belle les yeux rivés sur ce bouquet. Il se demandait pourquoi il le lui offrait ?

       -Pourquoi tu m’offres des fleurs… ? Tu es tombé sur la tête ?

       -Ce sont des Agapanthes, elles sentent trop bons. Tu voulais me montrer tes jambes ? Tu es vraiment coquin Nico~

       -Ca suffit !! Je vais sous la couette pour regarder les films, imbécile ! Pourquoi faut-il toujours que… Il y a même une carte avec le bouquet… Je ne te savais pas si…

       -Romantique ?

Nicolas disparut quand il annonça cette dernière réplique. Amusé de cette situation, Kelvian se murmura à lui-même.

       -Je ne le savais pas moi-même.

Un peu plus tard Kelvian prépara les encas alors que Nicolas ne décrochait plus un mot sous sa couette devant son grand écran home cinéma.

       -Voilà !! C’est prêt ! Qu’est-ce qu’on se regarde ce soir ?

       -Un film d’action…

       -Ouah t’a pas l’air d’être très emballé dis donc ! Regarde ce que j’ai cuisiné que pour toi !

       -Tu sais cuisiner toi…

Après un silence morbide Kelvian reprit en piquant la couette :

       -Tu pourrais être reconnaissant tout de même ! Je ne sais pas moi, souris, on dirait que tu fais la gueule.

       -M… Ma couette… boudait alors Nicolas.

Kelvian s’amusait de la situation car lui aussi était stressé, il était resté devant sa porte d’entrée pendant plus de trente minutes en ce demandant comment il devait s’y prendre, mais les réactions de Nico lui favorisait la tâche. Toutefois ce n’était pas réciproque. Nicolas, lui, sentait que son cœur allait exploser, il ne savait pas du tout comment appréhender la situation.

       -Nico tu es trop tendu, je ne vais pas te faire de mal~

Ce dernier se retourna vers Kelvian pour lui demander d’arrêter ses plaisanteries mais Kelvian lui attrapa les épaules et lui donna un bien tendre baiser.

       -Nous sommes bien des amants, non ? Lui demanda alors Kelvian en le dévisageant.

       -Ou-Oui…

       -On peut faire des choses d’amants, non ?

       -J’ai trop le trac Kelvian fais quelque chose…

       -Hein ? Fit alors ce dernier stupéfait.

       -Mets un truc sur ton visage, je ne sais pas moi ! Tu es radieux, tu m’illumines !! Comment ne pas être intimidé, sérieux !? Tu me fatigues avec toute ton assurance !

Nicolas enviait cette assurance que Kelvian avait en apparence parce qu’il n’était pas capable d’en faire de même. Cette explosion le rendait encore plus sincère. Nicolas était retourné bouder sur son sofa mais Kelvian avait viré au rouge à son tour, la main sur la bouche.

       -Bon bah on le regarde ce film ?

Au final, ils s’étaient tous les deux rapprochés Nicolas affalé sur Kelvian et avait regardé quelques films, bu quelques verres. Kelvian, qui supportait très mal l’alcool commençait à s’agiter :

       -Nico~

       -Oui ?

       -On est amant, n’est-ce pas ?

       -Tu vas me faire le répéter combien de fois…

       -Donc… On peut… ?

« On peut quoi !!!!!!!!!? » Pensa alors violemment Nico.

       -Heu…

       -Pendant combien de temps faudra-t-il que je te fasse la cours, Nico ? Fit donc Kelvian en lui baisant la main.

       -Heu… Je… Commençait-il la voix tremblante.

Kelvian le fit allonger sur le canapé sous un torrent de baiser. Nicolas avait bien du mal à contrôler les frissons qui traversaient son corps tout entier.

       -Haa… Kelvian… Souffla-t-il d’une voix brûlante.

Se laissant entraîner dans le feu de l’action Kelvian lui saisit sa jambe droite et caressa cette dernière jusqu’à remonter au niveau des hanches, en dessous de la couette. Cette dernière était extrêmement gênante tout-à-coup. D’un mouvement brusque Kelvian s’en défit mais cette ardeur et cette passion intimidait Nicolas.

       -Kelvian… Kelvian… S’il te plaît… Lui murmurait donc ce dernier à l’oreille. C’est… Hum… C’est ma première fois alors… Sois doux avec moi…

 Son visage était rouge écarlate, son souffle haletant, son regard embué par la passion. D’un regard douloureux Kelvian se mordit la lèvre pour se retenir de le croquer. Ils se levèrent et se dirigèrent alors vers la chambre.