Shoot 9

Investigation

Le lendemain, réveil.

 

Cette  fois-ci, je crois bien que je devais être au bord de la péremption… Mal de crâne carabiné, haleine d’Oran outang, et quelques limaces qui avaient trouvé bon de me marcher dessus. C’est avec dégoût que je les ôtai de mon bras, sans pour autant céder à l’hystérie. Je déteste les insectes.

Je constatai que le petit Raphaël avait changé de place. Il s’était mis juste en face de moi alors qu’hier il était à l’autre bout de la pièce. Il devait avoir peur lui aussi. Etrangement, il n’avait pas de limaces sur  lui… De quoi rager un bon coup, non ? Ah si. A y regarder de plus près il en avait une sur son pantalon. Sale bestiole. Je me levai alors pour lui en débarrasser.  Il semblait dormir paisible malgré cette situation précaire. Je me rappelai de la première fois où je l’avais vu. Il dormait tranquillement au milieu des détritus devant notre porte d’entrée. Au départ je pensais qu’il avait dû y perdre connaissance, mais  après réflexion… Profitons de son sommeil pour aller prendre un bain dans le ruisseau juste derrière le petit bois entourant la bâtisse. Je m’éclipsai alors à pas léger en direction du ruisseau.

Il faisait frais. Cette fraicheur du matin me réveillait et me dégourdissait avec douceur. Les chants des oiseaux titillant mes tympans. Ca faisait des années que je ne m’étais réveillée dans une telle quiétude. Ca changeait des bruits des klaxons dans la rue, des gyrophares de la police, des chaussures à talons de la voisine du dessus, du bébé chialeur des voisins d’à côté… Je m’étais tellement familiarisée à ce bordel ambiant dans la citée que tout ce calme me perturbait. Je pouvais réfléchir sans avoir à me concentrer.

Nous étions en pleine semaine et je n’avais pas prévenu mon boss. Il allait très certainement me virer, mais il fallait que lui dise  la raison de mon absence, tout du moins dans les grandes lignes.

Sabine. Est-ce qu’elle allait bien au moment où je me prélassais sans mal dans ce ruisseau calme ? Est-ce qu’elle était toujours en vie ? Qu’est-ce que je devais faire ? Comment? C’est donc avec crainte, frayeur, terreur… que je me retins la tête, cette dernière pleine de questions, d’interrogations. J’avais eu la prétention de vouloir la sauver mais au final je n’avais pas tant de moyens que ça à ma disposition…

         -Alex !!?

Quoi encore… Il n’est pas touché par ce calme serein ? Il ne se rend pas compte qu’il dérange les oiseaux que nous avions retrouvés là ? Bref, je divague une fois de plus. Pourquoi me chercherait-il ? Pourquoi, surtout, un homme recherché ferait-il autant de raffut ? Aurait-il perdu l’esprit ?

         -Alex ? Où es-tu ???

Dans le son et le timbre de sa voix, je pouvais y déceler une inquiétude sincère. Il devait avoir peur que je ne l’aie laissé tout seul dans cette bâtisse au bord de l’oubli. Pauvre garçon. Je me demande comment ce légume a-t-il fait pour survivre aussi longtemps en ce bas monde ?

         -Alex… ? Vous êtes  toujours là… ? Disait-il avec soudainement moins d’entrain.

         -C’est pas bientôt fini tout ce raffut ? Finis-je par lui dire en m’enfonçant dans le ruisseau jusqu’aux épaules.

J’étais cachée par les buissons  donc il m’avait entendue mais ne me voyait pas. Il eut semblé qu’il paniqua un instant avant de débouler au bord du ruisseau, la tête en bas, les fesses en haut. Sa maladresse lui coûtera certainement la vie à ce petit, hé, hé.

         -Aoutch, fit-il en se tenant la mâchoire douloureuse. Alex ? Vous êtes l… !!

Il sembla s’arrêter net en m’ayant vu le fixer une nouvelle fois avec dépit. Mais il m’interpella en détournant la tête en m’ayant vu dans le bain. Bizarre.

         -Qu’est-ce que tu veux ? On peut même pas rester tranquille deux minutes  avec toi ! Si j’étais au petit coin tu ferais quoi ?  Lui dis-je alors d’un air las.

         -Par… Pardon, mais comme vous aviez disparu… faisait-il la tête baissée.

         -Bah étant donné que tu m’as retrouvé, plus raison de s’inquiéter. Rentre et laisse-moi me relaxer tranquillement.

         -Vous… Tu es en pleine toilette ? Me dit-il alors en ce retournant cette fois-ci vers moi. Je… Je peux venir ?

Etrangement, je ne savais pas si je devais être surprise ou pas. Il  avait aussi besoin que je sois là pour son bain ? J’avais décidément beaucoup de mal à le suivre. Avant que je ne lui dise quoi que ce soit, il reprit :

         -Nous pourrions discuter des informations que nous avons récupérées hier calmement, pas vrai ? Disait-il d’un air enjoué.

Il semblerait qu’un rien pouvait lui rendre le sourire. Malgré la criticité de la situation. Je ne voulais pas qu’il prenne son bain en même temps que moi, mais fort heureusement, j’avais préparé tous types d’éventualités : je prenais mon bain en t-shirt. De plus il n’avait pas tord. Il fallait que nous mettions en communs les informations afin de déterminer la prochaine marche à suivre. D’ailleurs… comment s’en était-il pris ?

Il me regardait d’un air insistant : je ne lui avais toujours pas donnée de réponse…

         -Oui, c’est bon ramène-toi et dis-moi tout ce que tu sais !

Il se déshabilla en deux temps trois mouvements et se retrouva nu comme un ver dans le ruisseau, se plaignant de sa fraîcheur.

 

Un peu plus tard, ce que nous savions, c’était qu’un président d’entreprise véreux du nom de Widget menait d’une main de maître son entreprise, n’hésitant pas à utiliser tous les moyens pour évincer ses adversaires : corruption, kidnapping, menace… Un bien véreux quoi. Il était très connu des services de police pour ses méfaits mais réussissait à s’en sortir en payant une commission dans l’heure. On disait de lui qu’il connaissait les pires gangsters de la région, qu’il soutenait la vente d’organe, de drogue, de contrefaçon et de trafic d’être humain… Mais tout cela semblait être des rumeurs infondées dans le but de l’évincer… Sans succès.

Selon moi les mythes ne naissent pas de rien, il faut toujours quelque chose de vrai pour créer une légende. Alors que tout soit vrai ou que tout soit faux, ce mec devrait très certainement en savoir quelque chose au moins sur le ravisseur de Sabine. Ce genre de gros poisson… n’est pas facile à pêcher. La barrière ou le gouffre, c’est comme vous voulez, se creusait de plus belle… Qu’est-ce que j’aimerais lui planter une balle en pleine tête… Mais passons.

Raphaël, lui, avait réussi à soutirer des informations à Rachelle, la jeune femme que nous avions pistée la veille au soir. Elle travaillait depuis peu dans une société de techniciens de surface du nom de BurnX. Cette société semblait être très connue dans le quartier pour ses travaux irréprochables, bons marché, dans des délais courts avec une incroyable efficacité. Sembla-t-il en tout cas. Ils intervenaient tous les soirs à 20h45 pour l’équipe du soir et aux alentours de 6h du matin le mercredi et le samedi. Elle lui disait qu’ils étaient tous tenus au secrets professionnels même s’il voyaient des choses « pas très nettes » c’est pourquoi on faisait souvent appel à eux. Pour lui délier la langue il lui fit croire qu’il souhaitait intégrer l’entreprise. Elle lui expliqua alors les démarches à suivre, mais dans un moment d’inattention elle sembla lui dire qu’au sous sol du bâtiment, personne ne pouvait y accéder pas même eux, la société de nettoyage. Et que parfois, les employés disaient qu’il s’y passait des choses bien étranges.

Vraisemblablement très louche n’est-ce pas ? A présent il fallait trouver un moyen d’y rentrer et surtout d’accéder à ce fameux sous-sol.

         -Raphaël.

         -Oui ? me répondit-il d’un air attentif.

         -Comment t’es tu enfui de tes ravisseurs ?

Ses pupilles translucides se mirent à trembler sur l’instant. Il vivait vraisemblablement dans la terreur de cet enfer là. Mais s’il avait été séquestré au même endroit, cela voulait dire qu’on se rapprochait délibérément de notre but.

            -Et bien… Je ne sais plus trop… Je crois qu’ils voulaient me changer d’endroit… alors ils m’avaient attaché et mener à une voiture. Je ne savais pas où j’allais, je m’en fichais… j’avais déjà baissé les bras à l’époque et pourtant… Il y a eu une fusillade… On a attaqué notre véhicule. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais il y a eu beaucoup de bruit de coup de feu, j’ai vraiment cru que j’allais mourir. Les hommes autours de moi semblaient souffrir d’agonie tandis que moi je m’étais réfugié comme je pouvais derrière le siège… Quand tout semblait être terminé j’entendis des bruits de pas et des chuchotements, comme s’ils venaient vérifier si nous étions tous morts… Alors j’ai fait le mort… Je ne voulais pas… Je ne voulais pas qu’il m’exécute moi aussi…

Il semblait être en larme en racontant son périple avant de reprendre :

            -Quelqu’un vint ouvrir le véhicule pour m’y extirper. Il m’ôta mon bandeau, et me délia les mains. Mais ça faisait tellement longtemps que je n’avais vu la lumière du jour que je n’ai pas pu le regarder droitement. Il me disait de m’enfuir et me donna un manteau. Je crois qu’en m’enfuyant j’entendis le bruit d’une explosion…

Quel récit surprenant. Mais je ne lui montrai pas. Il fallait qu’on aille droit au but. Il avait été délivré ? Pourquoi ? Par qui ? Il aurait pu mieux voir son sauveur tout de même :

            -Et tu n’as rien pu remarquer sur cette individu ? Il t’a tout de même aidé à t’enfuir non ?

            -J’ai juste vu ses yeux aussi noirs que la nuit et un balafre horizontale sur le nez.

Une balafre, hein. Ca ne doit pas courir les rues. Zut, mon calepin…

            -Et tu espérais quoi en te planquant chez nous sans rien nous dire de tout ça ? Tu te rends compte à quel point c’est grave ? Finis-je par lui dire afin de le sermonner pour son comportement aberrant.

            -Je… Je suis désolé… Je voulais… Fuir cette réalité.

Bon j’avoue que je ne sais pas ce que j’aurais fait dans sa situation. Mais je ne me serais jamais trouvée dans ce genre de situation, c’était inutile d’y penser. N’empêche que la réalité l’a rattrapé et nous au passage… Pourquoi l’aurait-on délivré ? Serait-ce vraiment dû au hasard ?

Alors que j’étais en plein dans mes pensées, Raphaël se rapprocha de moi avec un air une nouvelle fois amusé. Tout ça pour me demander :

            -Je peux te frotter le dos, Alex ? Dit-il alors d’une voix basse pour ne pas m’offusquer.

            -Pourquoi faire ? Lui dis-je alors d’un ton sec.

            -Bah… pour te laver le dos, reprit-il comme si c’était évident.

Après un long silence, je lui dis alors :

            -Non, je n’ai pas besoin que tu voies mes cicatrices du passé…

            -Des cicatrices ? Dit-il alors très surpris.

            -Et oui, tu n’es pas le seul à en avoir vu de vertes et de pas mûrs, lui fis-je donc d’un sourire sarcastique. Bon moi je sors, prends ton temps.

Il fallait que j’évite de rester trop près de lui, mon passé devait à jamais resté enfoui au fond de moi. Personne ne devait savoir. Personne.

 

Un peu plus tard, nous avions décidé d’un plan. Enfin j’avais mis en place un plan : infiltrer la société de nettoyage pour entrer dans la société de Widget. Toutefois nous n’avions pas le temps de nous infiltrer au sein de BurnX pour faire plus efficace. Il fallait que nous les traquions et leur extirpions leur carte de visite et leurs tenues de travail. Néanmoins, nous ne pouvions pas entrer avec nos armes : il y avait des détecteurs à l’entrée. Moi je pouvais me débrouiller avec des baguettes chinoises mais en ce qui concerne Raphaël… Finalement je ne pouvais pas trop m’appuyer sur lui. Je décidai d’infiltrer l’immeuble seule. Et lui il m’orienterait de l’extérieur via une oreillette bluetooth connectée à mon téléphone… Je n’avait jamais utilisé ce genre d’outil mais ce n’était vraisemblablement pas très discret… Il fallait que je me déguise, une perruque cachant mes oreilles ferait très certainement l’affaire. Une fois le plan mis en place, qu’il ait été bancale ou pas, nous nous dirigeâmes vers un fast food proposant du free wifi et nous permettant de charger nos téléphone gratuitement également… Vive les fast food :

            -Il serait plus judicieux pour nous d’intercepter le véhicule dès qu’ils quitteront le siège de la société BurnX, m’expliquait alors Raphaël. Mais il faudrait que nous sachions laquelle, parmi toutes les voitures qu’ils ont à leur disposition, irait à la société Widget.

On aurait dit qu’il se prenait au jeu, mais nous étions loin de la réalité virtuelle, il ne fallait pas qu’il oublie ce détail. Toutefois il valait mieux qu’il soit ainsi qu’en train de pleurnicher sur son sort, c’est alors que je lui dis :

            -J’ai relevée la plaque d’immatriculation de la société de nettoyage d’hier. Penses-tu que ce sera la même équipe qui…

            -Vraiment !!? M’interrompit-il. Vous avez vraiment le coup d’œil Alex ! Continuait-il en me prenant et en me secouant la main.

            -Heu… Ouais, on va dire ça comme ça.

Il déploya alors un carte routière de la région – je me demandais bien d’où il pouvait la sortir d’ailleurs – afin d’estimer le trajet que les employés de la BurnX compagnie prendrait afin qu’on les prenne en embuscade… Il pouvait parfois m’impressionner ce garçon.

Nous sommes allés au siège de la société BurnX afin d’avoir plus d’information sur les horaires de l’équipe en charge de la société  Widget. En vain, ils ne donnaient pas ce genre de détails mais pendant que Raphaël s’occupait des employés à la réception, je faisais le point sur les véhicules encore dans leur parking. La plaque d’immatriculation qui m’intéressait était belle et bien présente. Il fallait juste attendre qu’ils se déplacent.

Shoot 8 Tourbillon Incandescent Shoot 10

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Commentaires (3)

1. sabi 2012-12-09

Oh lala! Moi je dis que Fafa n'est pas si naif qu'il en à l'air. hum! hum! C'est un petit coquin

2. egyptian_chabine (site web) 2012-12-09

Meuh nan roh là là xd

Commente de façon constructive je ne sais pas ce que tu pense de ce chapitre mdr xD

3. Jaya 2013-01-09

Ah j'aime bien ce chapitre Fafa évolue de chapitre en chapitre il se dévoile *o* !! Il va finir par devenir le preux chevalier de la planche à pain *W* *se pends xD*
Nan mais franchement c'est tjr aussi bien écris =)

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Date de dernière mise à jour : 2021-07-05

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