Part 6

Nuit fugace, Rapsodie d'une vie

La soirée arriva plus vite qu’il en fallut pour le dire. Kelvian s’était introduit dans un lieu qui ne faisait pas partie de ses fréquentations. Le bar, l’Eucalyptol, se trouvait en effet dans les bas-fonds avoisinant le centre ville. Une entrée plus que louche avec des videurs semblant tout juste sortis de prison qui veillaient comme des cerbères au bon déroulement de la soirée. Vêtu, d’une chemise blanche simple, d’un blouson en cuir aux attraits bleus marine, d’un pantalon de la même couleur et de ses bottes en peau de crocodile, Kelvian, faisant les cent pas devant l’Eucalyptol, avait attiré l’attention des habitués du lieu. Se sentant très mal à l’aise, il mit l’une de ses mains dans sa poche et fixait sa montre sur l’autre. 23h28. « Si j’avais su que je débarquerais dans un endroit pareil, je me serais habillé un peu plus sobrement… Il m’attend à l’intérieur ou je reste ici ? » Pensait Kelvian, un peu oppressé par le regard des autres.

C’est alors qu’un petit homme apparut. Vêtu d’un manteau noir, d’un chapeau noir, de lunettes noires. Tout du noir. Kelvian aurait souhaité lui demander s’il était en deuil mais l’environnement ne semblait pas propice aux plaisanteries.

       -Bien le bonsoir monsieur K.

       -Hum… « Monsieur K ? » pensait Kelvian.

       -Vous êtes venu à l’heure et seul comme convenu, je vous en remercie.

       -Bah, il n’y a pas de quoi…

       -Suivez-moi, s’il vous plaît.

       -Pardon ? On ne rentre pas ? Fit donc Kelvian interloqué.

       -Non, c’est une mesure de précaution. Eteignez votre téléphone également.

Kelvian s’exécuta sans un mot, mais très interpellé par sa  remarque.

       -Précaution de quoi ? Tu crois que je suis armé, un truc dans le genre ?

       -Non, non, du tout, nous allons juste dans un endroit au calme, nous ne vous inquiétez pas. 

Ils traversèrent donc le patelin, au point même qu’ils changèrent complètement d’environnement. Ils aboutirent devant un hôtel en ruine, caché par des buildings, au coin d’une rue sans lampadaire. Kelvian se demandait bien pourquoi il avait fallu qu’il le suive jusque là. Comme ils étaient seuls dans la rue, il entama la conversation.

       -Nous sommes où, là ?

       -Il s’agit de ma planque, fit donc Emmanuel en le regardant au travers de ses verres noirs.

       -… Planque ? Ce taudis ? Et tu comptes me faire quoi là dedans ? Me tuer ?

       -Allons, allons, lui dit-il en lui ouvrant la porte, ma mission est de vous surveiller, pas d’amalgame je vous prie.

       -Tu veux me séquestrer ? Poursuivait Kelvian, toujours aussi méfiant.

       -Pas exactement.

       -Pas exactement !? S’insurgea Kelvian en se retournant vers lui après être entré dans ce qui semblait être une suite.

       -Nous sommes ici pour discuter, n’est-ce pas ? Annonça-t-il en fermant le loquet de la porte.

       -Et le téléphone, c’est pour éviter qu’on me retrouve, c’est ça ?

       -Bingo ! Je n’aimerais pas qu’on sache où se trouve ma planque avant que je ne termine ma mission, expliquait-il en tendant son bras vers Kelvian.

Kelvian recula. Il savait ce dont il était capable avec ses mains, ce rase moquette.

       -Votre blouson, vous ne comptez tout de même pas le garder à l’intérieur ?

       -Pas besoin de faire des manières ! Dis-moi à combien s’élève le prix de tes informations ? Je suis prêt à payer le prix fort ! Dit alors Kelvian qui s’impatientait.

Emmanuel le regarda avec un air plein de déception avant de reprendre :

       -Je n’ai que faire de l’argent d’un fils de riche, monsieur Kinine, mes comptes sont déjà pleins, je ne cours plus après l’argent, et je sais que vous le savez…

Kelvian savait qu’il aurait dit une chose pareille, mais il fallait bien qu’il essaye quelque chose.

       -Ce que je recherche, moi, c’est quelque chose de plus charnel, de plus intense… dit le mercenaire en se glissant subrepticement derrière Kelvian en lui ôtant son blouson.

       -Charnel tu dis ? Si tu es aussi plein aux as que tu le dis, tu pourrais te payer des gens pour partager ton délire et pourta…

       -Ce n’est pas pareil, monsieur Kinine. Je suis très bien placé pour savoir qu’il y a des gens qui font ce pour quoi ils sont payés, aucun extra n’est de mise. S’amuser avec des prostitués ne procure pas autant de plaisir que contraindre une personne respectable à le faire, ça, c’est beaucoup plus excitant, vous voyez ce que je veux dire ? Faisait-il en passant ses mains fines sous la chemise de Kelvian.

Ce dernier en eut la chair de poule.

       -Ce que je vois, c’est un mec pire qu’un charognard avec des envies de taré. Pourquoi ma mère est derrière tout ça ? Dis-moi ce que tu sais !

       -Je ne serai plus digne de poursuivre mon travail si je vous disais tout, monsieur Kinine. Vous savez à quel point mon métier est dangereux ? J’ai déjà froissé bon nombre de mes principes depuis que je vous fréquente.

       -C’est toi qui veux ça, lâche moi, je suis prêt à faire des choses contre mes principes, mais pas n’importe quoi non plus.

       -Pour faire mon travail, je n’ai pas besoin de détails superficiels, comme par exemple: les raisons qui ont amené mes clients à venir vers moi, leur passé et leurs secrets cachés, je ne sais que ce dont j’ai besoin pour faire ma mission, alors il y a de fortes chances que ce que je sache ne vous apporte pas tous les éléments de réponse que vous recherchez alors…

       -Alors tu me dis que je risque de faire quelque chose pour du beurre ? Alors tu peux aller te frotter, je refu… Commençait à dire Kelvian quelque peu énervé par les propos d'Emmanuel.

       -Je vous dirai tout ce que je sais et je disparaîtrai de la circulation si vous vous offrez à moi cette nuit, Kelvian.

Il était très près de Kelvian, s’accrochant presque désespérément à lui.

       -Et si tu ne sais rien, je te tue ? Ha, ha ! On ne va pas s’en sortir, Emmanuel.

À l’écoute de son nom, Emmanuel fut d’autant plus troublé qu’il en perdit ses moyens avant de lui dire, pour bien le convaincre :

       -Vous avez prévu de faire le premier pas demain soir, si je ne me trompe. Ça sera une expérience bénéfique pour vous y préparer, si vous voyez ce que je veux dire.

Kelvian voulait se retourner stupéfait mais il ne lui en laissa pas le temps. Le mercenaire avait renversé délicatement Kelvian, dans le sofa qui se trouvait non loin d’eux. Son dernier argument avait convaincu Kelvian de se laisser faire. Parce qu’il ne voulait en aucun cas faire du mal à Nicolas depuis l’incident du week-end « sanglant. » Il le chérissait désormais comme un bijou en cristal et ne voulait plus le faire souffrir. Il pensait à ce que lui avait dit Hélène : « n’importe qui sauf lui » et Nicolas : « fait ce que tu veux de ton corps. » Lui qui avait l’habitude de flirter sans état d’âme se retrouvait à réfléchir à ce que ressentaient ceux qui l’aimaient. Se disant qu’il ne froisserait aucun des deux.

Le mercenaire, partant à la chasse de chacun des points sensibles de Kelvian, points dont il ignorait lui-même l’existence, semblait brûlant comme du magma en fusion. Pourtant tout le long de son exploration, il susurrait les moyens qui feraient plaisir au partenaire de Kelvian, des méthodes pour lui permettre d’en prendre le plus grand soin, des techniques pour le transcender tout entier. Kelvian, dont la température augmentait également, gravait ces préceptes quelque part dans sa mémoire comme de véritables trésors. Espérant pouvoir les transmettre à l’être aimé. En pensant ainsi, il se rendit compte que ses sentiments étaient vraiment sincères. S’ils ne l’étaient pas, qu’est-ce que cela pourrait bien être !?

Entre les gémissements et les souffles brûlant qu’ils échangeaient, qui s’emmêlaient, Kelvian ressentait tous les sentiments de ce mercenaire rachitique mais terrifiant. Peut-être à force de l’observer et non de le supprimer, quelque chose naquit en lui. Puissant mais éphémère. C’était en fait un cadeau d’adieu. Kelvian touché par ses sentiments, mit son dégoût de côté, ses craintes et sa méfiance également afin d’apprécier cet être humain qui cherchait juste à aimer, peut-être être aimé en retour qui sait ? Quelques étreintes s’échangèrent dans cette nuit bercée par les sirènes de police et les coups de feu. Le bruit du ventilateur faisait un bruit de fond incapable de masquer la mélodie corporelle de nos deux amants d’un soir. 

*j’ai envie de me pendre en écrivant un truc pareil LOL*

Dans le fond, tous les êtres humains sont semblables, peu importe leur croyance, leur ethnie, leur mode de vie. Nous sommes tous fait de chair et de sang, animés par la même passion. Ayant les mêmes désirs, les mêmes obnubilations. Qu’on soit homme ou femme. C’est ce à quoi pensait Kelvian en ressentant la chaleur du mercenaire sans attraits, sans défense. Une nouvelle étreinte. Une connexion furtive qui permettait de mettre tout différent de côté. Il fallait juste profiter du moment présent, n’est-ce pas ?

Une fois terminé, ils restèrent accroché l’un à l’autre, Emmanuel avouant tout ce qu’il savait, Kelvian l’écoutant calmement, jusqu’à ce qu’il s’endormit paisiblement.

Le lendemain, la cacophonie de l’extérieur était toujours présente. Les bruits des embouteillages, les coups de klaxon. Kelvian se réveilla, se demandant bien pourquoi il y avait autant de bruit à son réveil, dark mode activé. Il scruta brièvement la suite toujours aussi délabrée et se rendit compte qu’il ne restait que ses affaires. Le mercenaire s’était éclipsé dans le courant de la nuit. Il sourit et se décida à se lever. Il se demandait s’il avait bien fait d’avoir fait confiance à cet homme sans attache, sans cœur presque. Mais il se décida à rentrer chez lui.

Part 5 Dérision 2 Part 7

1 vote. Moyenne 5.00 sur 5.

Commentaires (9)

1. Jaya 2012-10-31

J e le haiiis ce William Saurin .... u_u
Et l'autre imbécile comment se faire piéger j'en suis sûr u_u
Mais quel boulet !!!
Bon la suite mnt qu'on sache c'est quoi ces infos '-'

2. egyptian_chabine (site web) 2012-10-31

<.>

C'est quoi ces lecteurs sans coeur!! Laissez l'auteur trouver quelque chose à vous pondre pour la suite mdr xDD

3. sabi 2012-11-05

Tout à fait génial!!!! Et je suis d'accord avec Jaya sur le fait que Kelvian soit un boulet Mais l'histoire m'a tenu en haleine du début jusqu'à la fin. C'était intense....

4. egyptian_chabine (site web) 2012-11-05

mdr xDDDDD Tant mieux alors mdr XDD

5. Marimo_chan (site web) 2012-11-07

'-'

*Prend une pastille d'eucalyptol pour calmer ça gorge*

-w-

*se tue*

BREF ! J'adooooooore ! XD J'aime pas emmanuel mais j'avoue que ce chapitre ma réconcilier avec lui et il me faisait presque de la peine. Et Après tout, c'est qu'un plan cul et rien d'autre. Kelvian en a bien consiance et l'autre aussi. Bref *-* ! J'adore juste <3

PS : ... "*j’ai envi de me pendre en écrivant un truc pareil LOL*"

VIRE MOI CA !!! *A* Ou met le en commentaire auteur à la fin du chapitre mais pas en pleine histoire bordel à cul de putain de merdaaaasse ¤A¤ !!!

6. egyptian_chabine (site web) 2012-11-08

ah tu me rassures mdr XDDD

moi aussi j'ai fini par avoir un peu de compassion pour lui, voir même de la pitié... xd

dsl ce commentaires venait vraiment du fond du coeur... xd s'il te plaît pas t'as qu'à l'enlever toi moi AH!!

Et BIM!!

7. Kywi 2012-11-18

J'étais MORTE DE RIRE pour le commentaire.
Sinan bah... J'ai trouvé Emmanuel trop mimiiii dans celui là >.> Le pauuuuvre chou ~

Je file lire la suite ~~

8. GrellSutcliff 2012-11-20

Nyaaaaaaaaah ce chapitre est au top *-* c'était trés intense tous sa
le pauvre william arf :/

9. egyptian_chabine (site web) 2012-11-20

owi enfin des gens qui comprennent ce que ressent notre pauvre Emmanuel xDDD!!

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Date de dernière mise à jour : 2021-07-05

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