Part 1

Contingences Désespérées

Un week-end qui promettait d’être radieux finalement se terminait en un sombre chaos, sous le joug de pluies diluviennes. Le ciel était gris, les nuages sombres et lourds. Continuant perpétuellement de déverser leur contenu sur le centre ville. Les égouts se gorgeaient d’une eau sale, empreinte de l’impureté ambiante. La saison des pluies ne se fit donc pas attendre, comme si elle avait sentit bien longtemps auparavant ce qui allait se passer.

Kelvian, sans manteau, sans parapluie, sans botte ni imperméable marchait sous les trombes, divagant comme une âme en plein égarement. Il avançait, ne sachant où se rendre jusqu’à s’arrêter dans une ruelle aussi sombre que les nuages menaçants au-dessus de sa tête. Il resta là. Un long moment. Restant immobile, respirant à peine pour bien ressentir ces lames de douleur effleurer sa chair. Le bruit de cette pluie lourde était capable d’aspirer la saleté, la sécheresse, le son. Peut-être en ferait-elle de même pour la peine, la souffrance, le mal-être ? Une pensée utopique. Une fois de plus.

Cet homme qui avait tout pour être au dessus de ses congénères titubait sans expression jusqu’à poser sa tête contre le mur ruisselant. Il finit par tomber sur ses genoux. Non. Il s’agenouilla. Il s’agenouilla comme pour demander pardon avant de perdre quelques larmes emportées rapidement par les flots.

Plus loin, les habitants du centre-ville s’abritaient chez eux, loin de la cacophonie retentissante extérieure. Bien au chaud, dans le bonheur, dans la paix. 

Nicolas Nimendi était défiguré par la tristesse. Il n’avait pas quitté le pas de sa porte. Ce pas de porte où il vit l’amour de sa vie lui dire au revoir avec le sourire. Cette vision lui donna envie de pleurer une nouvelle fois. Mais il n’en avait plus la force.

Tout s’était déroulé tellement rapidement. Il n’eut pas un instant pour comprendre ce qui se passait autour de lui. Cette impuissance commençait à le ronger doucement, lentement mais sûrement, jusqu’au jour où peut-être deviendra-t-il complètement fou. Pourquoi, alors que les choses se passaient si bien, pourquoi a-t-il fallu que la situation dégénère du tout au tout ? Cette question le malmenait de tout son être. Il ne savait plus quoi faire. Donc il resta là. Sur ce maudit pas de porte. Cette porte des adieux le narguant inlassablement.

Puis quelques gémissements se firent entendre dans l’appartement où le vide et le silence régnaient en maître. Il s’agissait de Karen qui recouvrait enfin ses esprits.

Il eut semblé que ces bruits n’inquiétaient aucunement Nicolas encore groggy, les yeux enflés et hagards dans le vide. Pourtant un bruit sourd résonna du fond de la chambre. Karen était tombée en tentant de se relever. Elle gémit alors de plus belle. Attirant enfin l’attention de Nicolas qui se retourna dans sa direction.

Il soupira une fois car il était intrigué par ces mouvements, ces bruits, pour lui il était désormais seul au monde. En réalité il avait complètement écarté Karen de sa vie. Il n’avait pas trop eu le temps de s’en soucier dira-t-on. 

Une fois à la porte de sa chambre, il se figea, à la fois accablé et surpris par le macabre spectacle auquel il assistait. En effet Karen se vidait de son sang par le nez, répandant son liquide organique rougeoyant dans la pièce. Elle n’était pas vraiment consciente et rampait désespérément sur le sol. C’est alors que Nicolas qui était revenu à la réalité lui dit :

         -Karen… ? Est-ce que ça va aller ?

Elle eut un sursaut à l’écoute de son nom avant de s’immobiliser. Nicolas se rapprocha donc pour éponger tout ce sang qui se répandait. Il ne semblait aucunement inquiété par la criticité de la scène, un peu comme s’il était lui-même à moitié absent ou pire, non conscient de ce qui se déroulait sous ses yeux. Les yeux commençant à se révulser, elle s’agrippait de toutes ses dernières forces à Nicolas.

         -Mais comment on en est arrivé là ? Lui dit donc ce dernier. Ah oui… C’est Kelvian qui t’a fait ça… Je n’ai jamais vu Kelvian aussi violent… Surtout pas envers une femme… Que lui as-tu donc dit… ? Il semblait désespéré et complètement hors de lui…

C’est alors les larmes aux yeux que Karen regardait Nicolas complètement anéanti. Elle voyait au travers de ses yeux, avec sa vision désormais floue, qu’il était vraiment terrassé. Elle sentit qu’elle avait fait quelque chose qu’elle n’aurait pas dû. De plus, elle ne savait pas que Kelvian avait décidé de partir, loin, très loin de lui. 

         -Je ne sais pas ce que tu lui as dit… mais je crois que c’est à cause de ça qu’il est parti… Que c’est à cause de ça qu’il t’a à ce point blessée. Je ne sais pas quoi faire… On dirait que tu ne peux pas parler. Mais j’aimerais savoir une chose, fit alors Nicolas, sombre.

Un long silence pesa dans la chambre ensanglantée avant qu’il ne reprenne. Les éclairs faisaient rage à l’extérieur. On entendait des cris parmi le voisinage.

         -Est-ce que tu comptes poursuivre Kelvian pour ce qu’il t’a fait ? Parce que pendant votre altercation, je vous ai entendu en parler… 

Sur l’instant Karen trouva cette question particulièrement stupide. « Bien sûr que je vais le poursuivre !! Tu ne vois donc pas ce qu’il m’a fait ou quoi !? » Aurait-elle voulu dire. Mais, en dépit de sa vue qui se voilait de minute en minute, de seconde en seconde, elle percevait une aura délicate autour de Nicolas. Elle s’était rendue compte que ses sentiments étaient très certainement sincères envers Kelvian et que vouloir faire du mal à son bien aimé le blesserait très certainement. Pourtant, en dépit du respect qu’elle ressentait pour Nicolas, en dépit de toute cette reconnaissance qu’elle éprouvait pour ce dernier, le comportement de Kelvian à son égard avait été totalement odieux et ce, même si c’était elle qui l’avait provoqué.

Elle acquiesça donc de la tête pour dire qu’elle lui en voulait énormément.

         -Ah bon… Tu sais que Kelvian était meurtri tout en agissant de la sorte ? Par ta faute mon Kelvian est devenu quelqu’un qui ne se contrôle plus, quelqu’un de violent. Je pensais que tu nous serais d’une grande aide, mais au contraire tu as tout fichu par terre…

Son cœur se serra. Son rythme cardiaque s’accéléra. Nicolas lâcha prise.

         -En plus tu veux le poursuivre, mais qu’est-ce que je vais faire de toi, vraiment ?

Il s’éloigna, comme recherchant quelque chose, plus loin, non loin, traînant des pieds, toujours abasourdi par la suite qu’ont pris les évènements.

Karen avait un mauvais pressentiment. Désormais, elle tentait de se relever pour échapper à quelque chose de terrifiant qui l’attendrait très certainement. Tenant très fermement l’arrière de son crâne endolori, elle se mit à quatre pattes, non, à trois pattes, essoufflée comme jamais, comme si ça lui avait demandé tous les efforts du monde.

         -Je ne peux pas laisser Kelvian devenir quelqu’un de violent aux yeux de la société. Il est trop parfait pour ça. On entendait Nicolas parler au loin, comme s’il réfléchissait en faisant les cent pas.

Karen n’allait pas s’en sortir. Si elle restait encore ici, elle serait condamnée. Elle prit alors une grande inspiration et tenta de se relever. En vain. Elle se résolut donc à fuir à quatre pattes. 

L’appartement de Nicolas, était un appartement de haut standing, très grand, très spacieux, avec une décoration très light. Pourtant ce jour-là, il eut semblé qu’il s’agissait de la maison des horreurs. Les éclairs faisant foi. Les grondements retentissant jusqu’aux profondeurs enfouies de leur âme tourmentée. Les cris toujours présents dans le voisinage.

Karen avait peur, elle qui était si courageuse, qui n’avait pas hésité à provoquer la tête haute, la tête froide, Kelvian. Un Kelvian hors de lui. Elle se trouvait actuellement dans un état de peur inconsidérée. Elle n’avait jamais pensé que son bienfaiteur pourrait faire quelque chose de mal envers elle, et cette idée la terrifiait.

Les quelques dizaines de mètres qui la séparaient de la porte d’entrée, unique issue, semblaient être des milliers.

Mais Nicolas lui-même n’était pas dans sa meilleure forme, pensait-elle. Elle avait peut-être encore une chance, persista-t-elle. Elle rampa donc en direction de son salut, ardemment, hargneusement, désespérément…

Nicolas ne faisait plus de bruit. On ne savait plus ce qu’il faisait, ce qu’il disait ni ce qu’il pensait. Ce faux silence ambiant gelant l’espace temps entre deux grondements, entre deux cris, ressemblait au requiem le plus terrifiant.

Elle s’arrêta un instant, reprenant son souffle. La porte. Elle était enfin dans son champ de vision, elle était juste là, elle pouvait y arriver. Il fallait qu’elle sorte, c’était sa plus grande priorité pour le moment. Elle ne savait pas ce qu’elle ferait par la suite mais il fallait qu’elle sorte. Toujours en se vidant de son sang, retraçant le chemin qu’elle avait prit lors de sa fuite vraiment très simplement, elle commençait à avoir des vertiges. Elle se dit alors qu’elle devait vraiment couver quelque chose de mauvais après avoir reçu ce coup à la tête. Mais elle ne devait pas rester là. Elle s’élança alors vers la porte, comme s’il s’agissait de la dernière course de sa vie.

Elle tomba alors nez à nez avec Nicolas qui la regardait, accroupi juste au coin de la table où elle était cachée. Son cœur se raidit, elle crut faire un infarctus. Mais elle était encore trop coriace pour ça.

         -Mais que fais-tu ? Lui dit alors innocemment Nicolas.

Elle n’était plus en mesure de parler, alors elle fondit en larme en secouant la tête. Reculant, fuyant cet homme calme mais désespéré devant elle.

         -Tu as dû être gravement blessée tu le sais, ça ? Tu en mets partout !! J’étais parti chercher de quoi te soigner et regarde ce que tu fais.

Elle n’en croyait pas un mot. Elle tremblait de tout son être. Mais quoi qu’elle fasse, elle était tout de même à sa merci.

C’est donc ainsi que Nicolas l’agrippa afin de l’amener dans le salon. Il lui murmurait des mots rassurants. Elle pensa donc qu’elle devenait complètement parano. Qu’elle avait dénaturé son bienfaiteur parce qu’elle lui avait fait du mal en premier. Quelle stupide idée ! Qu’elle était stupide !! S’injuriait-elle intérieurement.

         -Tu veux vraiment poursuivre Kelvian pour ce qu’il t’a fait ? Tu sais, je ne veux pas qu’il ait d’ennui. Surtout pas par ma faute. Commença donc Nicolas sur un ton très calme.

Elle s’était ravisée. Elle ne voulait plus lui faire plus de mal qu’elle n’en avait déjà fait. Même si elle avait été blessée à cause de sa cupidité. Elle ne pouvait continuer à meurtrir une âme aussi douce qui, en dépit des circonstances, ne lui voulait aucun mal.

         -Moi…. Maintenant qu’il me déteste… Qu’il ne veut plus me voir…. Je n’ai plus rien à perdre…

À ces mots son cœur se raidit une nouvelle fois.

         -Tu peux dire que c’est moi qui t’ai fait ça, mais n’accuse pas Kelvian, d’accord ? De toute façon, tu es chez moi, tu ne le connais pas, tous les éléments sont présents, tout se passera bien. Je paierai tout ce que tu voudras. 

Abasourdie à l’extrême, elle finit par s’évanouir.

Les pluies diluviennes et glacées étaient toujours présentes. Kelvian avait marché, tourné en rond et sans qu’il ne sache pourquoi, il était au pied du bâtiment où résidait Nicolas. C’est donc avec dépit qui poussa un soupir silencieux tout en secouant la tête vers le bas.

         -Mais qu’est-ce que je fous, bordel ?

Son téléphone sonna. Du moins vibra. Une première fois, une seconde, une troisième fois avant qu’il ne s’en rende compte. Il décrocha alors machinalement. Silencieux. Ne décrochant aucun mot. Se rendant compte qu’il avait répondu sans le vouloir.

         -Ke… Kelvian… ? Faisait une voix tremblante atrocement familière.

         -…

         -Ne raccroche pas s’il te plaît, disait alors Nicolas calmement mais désespérément. Heu… Je n’ai pas trop compris ce qui s’est passé mais… Je ne veux pas te troubler. Je ne veux pas que tu fasses de bêtises par ma faute.

À ces mots Kelvian était encore plus perdu, d’autant plus qu’il ne comprenait pas où Nicolas voulait en venir.

         -Tu peux oublier tout ce qui s’est passé, t’inquiète, j’en ferai de même. Quant à Karen, je m’en occupe.

« Il s’en occupe !? » Pensa alors violemment Kelvian en se rappelant de ce qu’il lui avait fait.

         -Elle ne portera pas plainte contre toi, je prendrai tout pour moi, c’est le marché que j’ai conclu avec elle…. Je crois…

         -Quoi !?

         - !! Heu… Vis heureux avec Hélène… Et désolé pour tout ça… Finit-il en raccrochant.

         -Mais !? Qu’est-ce qu’il me fait là ? C’est moi le merdeux et c’est lui qui prend tout pour lui ? Qu’est-ce que ça signifie !?

Sur l’instant, il eut peur que Nicolas mette fin à ses jours, lui souhaitant un bonheur placide avec Hélène. Une Hélène plus que suspecte. Il s’élança alors en direction de l’appartement de Nicolas.

Dérision 2 Part 2

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Commentaires (12)

1. egyptian_chabine (site web) 2012-09-24

Alors les gens voici le débit de la seconde saison de Dérision, je ne savais pas trop (comme d'hab quoi) où couper le premier chapitre...

Vu la fin de la première saison... c'est dur au début je le reconnais, mais ça s'engrène petit à petit alors soyez patient :D

J'espère que vous apprécierez^^

2. Kairuzil 2012-09-24

*crise cardiaque* Mon dieu, c'est stressant @.@"""

3. Kairuzil 2012-09-24

Mais super bien raconté, j'attend la suite avec impatience :)

4. egyptian_chabine (site web) 2012-09-24

Ah bon stressant? xD je le trouvait plutôt déprimant avec toute cette pluie (regarde par la fenetre et soupire)

5. GrellSutcliff 2012-09-27

c'est magnifique il est vraiment bien écrit, j'attend la suite avec impatiente

6. egyptian_chabine (site web) 2012-09-27

han vraiment *^*?

Je vais publier ça ce soir mdr xDDD

7. Marimo_chan 2012-10-26

Alors LA !!! C'est LE chapitre le mieux écrit que tu ai fait *^* !!! Les emotions de ouf ! J'ai cru qu'il allait la tuer ! Omg !!! La c'est toi qui ma tuer !!! -*^*- !!! J'ai cru devenir fooolle ! Voyant déjà Kelvian rendre visite a Nicolas au parloir ! XD

8. egyptian_chabine (site web) 2012-10-26

PTDRRRRRRRRRR

Je suis heureuse de m'être suffisamment améliorée pour pouvoir susciter autant d'émotions *w*

Ravie que ça te plaise XDDD

9. Jaya 2012-10-29

Suspence suspence OMG trop bien j'veux la suite ~~~ ^-^
J'adore la façon dont c'est écrit. C'est bien différent des premiers chap .
OMG ambiance thriller j'adore *Q*
Brûlon hélène katy et karen pour fêté ça o/

10. egyptian_chabine (site web) 2012-10-29

Mais lloooooooooooooooooooll mdr xDDD

merci!! Je vais essayer de m'améliorer encore plys *Q*

11. Kywi 2012-11-18

OMG. J'aime. Le suspens est terrible, et les faits tellement bien racontés !
Je file lire la suite sans plus attendre !!

12. egyptian_chabine (site web) 2012-11-20

Han merci pour les coms *o*!!

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Date de dernière mise à jour : 2021-07-05

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